Récit de voyage : l’Argentine et croisière en Antarctique

Suivez au jour le jour le récit peu banal d’un groupe de lecteurs de Plus Magazine partis le 26 janvier pour un voyage exceptionnel en Argentine et, de là, une croisière qui doit les mener jusqu’en Antarctique.

Mardi 12 février – La fin d’un beau voyage !

Il est 2h15, heure locale, lorsque notre avion atterrit sans encombres sur le tarmac de l’aéroport de Madrid.

Vers 4h30 commence notre dernier trajet, le vol qui doit nous ramener de Madrid à Bruxelles. Tout se déroule sans problème. Il ne me reste plus qu’à dire adieu à mes compagnons de voyage, si sympathiques et si attachants. Nous sommes tous épuisés mais riches d’un stock de souvenirs inoubliables.

Lundi 11 février – Une journée à Buenos Aires

Lors du voyage aller, tout le monde a eu l’occasion de découvrir Buenos Aires, la capitale argentine qui vit au rythme du tango. La plupart d’entre nous avons décidé hier soir de notre programme de la journée : faire la grasse matinée pour les uns ; s’offrir un moment de shopping pour les autres, histoire de ramener un bijou en rodochrosite – cette pierre fine de couleur rose typique de la région, un sac ou une veste en cuir... L’option culturelle est également tentante, avec détour par le quartier de La Recoleta, où nous étions simplement passés en car à l’aller. Ce ne sont pas les idées qui manquent, d’autant que le soleil brille et que les taxis ne sont franchement pas chers.

La Galeria Pacifico : on ne la visite pas uniquement pour se promnener mais aussi pour profiter d’un décor somptueux. L’imposante coupole a été peinte par cinq peintres argentins particulièrement renomés.

Tout le monde est attendu à l’hôtel à 18h. Notre voyage s’achève. Il s’agit de mettre la dernière main à nos bagages – je prie pour qu’on ne pèse pas mes sacs à l’enregistrement ! -, puis de monter dans le car qui doit nous conduire à l’aéroport. La chance est avec moi : mes bagages à main (beaucoup trop) envahissants passent sans problème les divers contrôles (j’ai tout de même réussi à fourrer dans ma valise la parka rouge que je ne remettrai peut-être jamais plus mais à laquelle je tiens néanmoins à titre de souvenir!).

Dimanche 10 février – L’aventure touche à sa fin

Vers 2h du matin, les premières lueurs d’Ushuaia scintillent dans le lointain. L’équipage fait tourner les machines à pleine puissance pendant toute la traversée. Les hommes du navire savent qu’un certain nombre de paquebots sont attendus à la même heure dans le port de la ville la plus méridionale du monde. Et comme ledit port n’est pas grand, ils espèrent être les premiers à en remplir les formalités. Mission accomplie ! Tous ceux qui en ont envie peuvent descendre à terre faire quelques achats, visiter le musée-prison d’Ushuaia ou traverser le Parc National en petit train. Nous avons toute la matinée pour nous!

Retour à Ushuaia !

A midi, nous regagnons le bord pour déjeuner. Exceptionnellement, les repas sont servis au restaurant à partir de 11h15. Autant vous dire que nous profitons tous pleinement une dernière fois de l’exquise cuisine du chef. Suit la longue attente... plus longue que prévu d’ailleurs. Nous aurions dû quitter le navire à 12h50 mais l’aéroport d’Ushuaia ne parvient pas à écouler le flot de touristes déferlant ce dimanche dans ce lieu mythique. Il est donc demandé de ne plus envoyer jusqu’à nouvel ordre de cars de touristes en direction de l’aéroport. Mais personne ne s’en inquiète réellement : c’est tellement bon de prendre le soleil sur le pont !

Discussion sur le pont... ... ou profiter encore un peu du soleil.

Lorsque nous arrivons finalement à l’aéroport avec deux heures de retard, nous n’en avons pas terminé avec les temps d’attente. Une file longue comme un jour sans pain s’étire devant nous.

Nous parvenons enfin à notre hôtel, à Buenos Aires, juste à temps pour une douche fraîche et un dernier tour de la ville, une dernière immersion dans l’ambiance argentine.

Samedi 9 février – Calme plat sur le Passage de Drake

Les dieux de la météo sont décidément avec nous. Hier, en fin d’après-midi, nous avons levé l’ancre pour la dernière fois et mis le cap sur Ushuaia. Nous ne saurons jamais de quoi est capable le fameux et redouté Passage de Drake. Autant pour tous ceux qui ont essayé de m’effrayer avec leurs récits horrifiques.. !

Et voilà le passage de Drake, qui effraie tant de gens !

La mer est plate comme un miroir et le ciel uniformément bleu. Si le capitaine nous avait assuré que nous croisions quelque part en Méditerranée, nous l’aurions cru sans hésitation.

Vendredi 8 février – Une journée radieuse

Ce matin, le soleil se met de la partie dès le point du jour. Et il ne faiblira pas de la journée. Fidèles à notre habitude, nous nous levons très tôt. Aujourd’hui, nous allons visiter Half Moon Island. Les zodiacs nous amènent sur la terre ferme, à proximité d’un camp estival de l’armée argentine. Un groupe de manchots à jugulaire a choisi cet endroit pour nicher : les jeunes au plumage encore gris sont d’ailleurs nombreux.

Un magnifique lever de soleil qui pour inaugurer une splendide journée. Nous visitons « Half Moon Island » où est installée une base de l’armée argentine.

Une colonie de manchots à jugulaire s’est installée sur l’île.

A peine avons-nous mis pied à terre que nous sommes témoins des rudes lois de la nature. Un pétrel géant s’est saisi d’un jeune manchot et le déchiquette à coups de bec. Une grande mouette – placé un échelon plus bas dans la hiérarchie de la gent ailée – attend patiemment à quelque distance. Sitôt le pétrel repu et parti digérer au soleil, la mouette s’approche, en quête de restes à se mettre sous le bec. Ici règne la loi du plus fort !

Les jeunes au plumage duveteux sont encore nombreux. De temps en temps, une mouette mange les restes d’un jeune pingouin.

Au bord de l’eau, un groupe d’otaries profite des rayons du soleil. Au cours de notre périple, nous n’aurons finalement pas vu tant de phoques et d’otaries que cela, mais la diversité de la faune est à couper le souffle.

Les otaries aussi profitent du soleil !

Avant de regagner nos zodiacs, nous passons au « lavage de bottes obligatoire ». Les déjections des manchots ne sentent pas la rose et le capitaine aime autant que nous n’en ramenions pas à bord. Nous nettoyons donc soigneusement nos bottes de caoutchouc avant de remonter dans les zodiacs.

De retour sur le pont du navire, après notre dernière excursion déjà – la journée aura passé à une vitesse folle ! – plusieurs dames de notre groupe décident de profiter du temps radieux pour faire un Jacuzzi en plein air. La scène ne manque pas piquant : ces dames en maillot côtoyant les messieurs emmitouflés avec parka et bonnet ! Et devinez qui, des dames ou des messieurs, s’est déclaré le plus ravi ?

Le soir, tout le monde se retrouve sur son trente et un pour la  » Captain’s Farewell Party « . Le capitaine Derrick Kemp dresse un bilan de la croisière et déclare que, oui, décidément, nous avons bénéficié de conditions météo exceptionnelles. Le dîner se révèle particulièrement festif.

Le capitaine Derrick Kemp. Un dessert de fête.


Les anniversaires ont été dignement fêtés à bord! Les trois belges qui ont fêté leur anniversaire sont invitées par le capitaine.

Deux dames de notre groupe fêtent aujourd’hui leur anniversaire. Elles ont droit, comme le veut la tradition, à un traitement de faveur : les serveurs se fendent même d’une petite chanson en apportant le gâteau ! Le capitaine invite les trois femmes belges qui auront fêté leur anniversaire pendant la croisière à le rejoindre à sa table. La consécration en quelque sorte !

Jeudi 7 février – Les quatre saisons en un jour

Waow! J’ai longtemps cherché quel mot pourrait résumer à lui seul les impressions de cette journée incroyable – et je n’en ai trouvé qu’un : waow ! Mais comment en rendre l’impression à distance ? Les mots échouent à traduire tout ce que nous avons ressenti aujourd’hui.

Me voici donc, avec un groupe de lève-tôt, fin prête sur le pont dès 7 heures du matin. C’est précisément l’heure à laquelle le Discovery fait son entrée dans Paradise Harbour. Un nom prédestiné pour cette baie... paradisiaque. Le soleil a eu raison des nuages et brille généreusement. Les icebergs se succèdent à flanc de navire, comme autant de sculptures de glace façonnées par la nature mieux que ne saurait le faire le plus grand artiste. Jumelles en main, on sait à peine où donner du regard ! « Quelles photos allez-vous passer sur le site? », ne cesse-t-on de me demander. On me comprend lorsque je réponds à quel point il est difficile de faire une sélection. A 360° à la ronde, tout est beau, tout est parfait. Et chaque photo ne peut rendre qu’une fraction de tant de splendeur. Les connections internet étant particulièrement lentes dans ce bout du monde, je dois d’autant plus limiter mon choix.

Un magnifique lever de soleil...
Nous naviguons à travers une exposition de sculptures flotanttes.

Dès 8h, les premiers zodiacs nous mènent à terre, tout près d’une base estivale de l’armée chilienne. Une vaste colonie de manchots papous s’y est installée. Ils construisent leurs nids avec des petits galets sur lesquels ils déposent leurs oeufs.

La base chilienne : une colonie de manchots papous. Les manchots pondent sur des petits galets.
Et lorsque les pingouins perdent le nord... ils se tournent vers Marie! Lorsque les petits ont faim, ils tapent le bec de leurs parents.


La fourrure des jeunes pingouins est grise et duveteuse. Ils sont aussi parfois encore un peu maladroits.

Se chiper des pierres, tel semble être leur sport de prédilection. La colonie abrite énormément de jeunes, âgés de quelques semaines à quelques mois. Leur plumage varie du gris tout mignon à un mélange de blanc et noir, avant de devenir noir uni à l’âge adulte.

Derrière ce panneau, seulement les pingouins! Mais un petit rebelle veut quand même aller voir un peu plus loin!

Voilà que j’aperçois un manchot qui a pris deux jeunes sous son aile. Les deux bébés ont encore une tache blanche sur le bec, que l’on appelle « dent de l’oeuf » et qui leur permet de briser leur coquille au moment de la naissance. Les jeunes sont précipités dans un monde très dur, d’autant que lorsqu’ils naissent si tard en saison leurs chances de survie sont minces. Il leur reste, en effet, peu de temps pour se fabriquer une couche de graisse suffisante en vue du prochain hiver.

Viens par ici mon trésor. Ceux-ci ont à peine quelques jours.

Les quelques militaires chiliens basés ici se révèlent très accueillants. Ils sont heureux de pouvoir faire tourner leur petit commerce ! Dans leur boutique de souvenirs, on peut s’offrir pour 4 euros un certificat personnalisé attestant de votre passage ici. Nous sommes nombreux à le convoiter!

Les militaires chiliens font des affaires en or avec leurs certificats.

Au bout d’une heure, nous quittons la colonie de manchots papous. Le retour en zodiac est l’occasion d’admirer de près quelques très beaux icebergs, que le vent et l’eau ont sculptés dans des formes plus surprenantes les unes que les autres. Le soleil a disparu et quelques flocons dansent dans le ciel. Lorsque le dernier zodiac de notre groupe – aujourd’hui, nous étions les derniers à nous rendre à terre – a regagné le Discovery, avec passagers et matériel, le bateau met le cap sur le canal Lemaire.

Bientôt, le capitaine fait une annonce depuis le pont supérieur : une tempête de neige sévit dans le canal Lemaire. Au vu des nombreux icebergs qui encombrent le passage, déjà étroit en temps normal, le capitaine décide d’opter pour le plan B : cap toute sur le non moins superbe canal Neumayer. J’ai regagné ma cabine et suis en train d’admirer les 200 photos que j’ai prises sur la base chilienne, lorsque je perçois un bruit étrange. Je met mon nez au hublot et je vois que nous sommes totalement environnés de glace ! Vite, il faut que je monte voir cela depuis le pont. Malgré que nous soyons en plein été, le canal est pris dans les glaces. Impossible de traverser ces blocs à la dérive. Le Discovery doit faire machine arrière et reprendre le chemin par lequel il est arrivé : le détroit de Gerlache. Et, de là, direction Half Moon Island.

Andrea et paul, le directeur de croisière et son assistant. L’équipe des chefs cuisiniers qui ont bien pris soin de nous faire prendre quelques kilos!

Mais avant d’y parvenir, nous avons une soirée chargée. Andrea Lowde, directrice de la croisière, et Paul Thornhill, son assistant, jouent leurs morceaux favoris. Andrea chante le jazz avec talent, tandis que Paul serait plutôt country. Après leur dernier morceau, place à la « Parade des Chefs « , soit la présentation de la fine équipe officiant en cuisine, pour le plus grand plaisir de nos papilles, même si nous avons chaque matin un peu plus de mal à fermer notre pantalon !
Enfin, à 22h45, le programme s’achève sur un show folklorique philippin. Explication : 80 % de l’équipage est d’origine philippine. Ce soir, les barmen et les barwomen, les stewards et tout ceux qui le désirent peuvent tomber l’uniforme et montrer sous les spot-lights de quoi ils sont capables ! Une belle immersion dans leur culture... ambiance garantie ! Certains d’entre nous sont épatés de voir la personne qui fait leur lit chaque jour avec amour entonner des chants folkloriques à gorge déployée.

Ce soir les serveurs sont sous les spotlights.

Après le spectacle, nous goûtons encore à quelques snacks 100% philippins, servis entre 23h et minuit, puis au dodo ! Quelle journée mémorable cela aura été !

Mercredi 6 février – Zigzaguer entre les icebergs

Aujourd’hui à 7h, nous nous sommes une fois de plus rendus sur le pont arrière du bateau pour profiter de la splendeur alentour. C’est à cette heure que le Discovery a atteint Hope Bay, connue pour ses icebergs spectaculaires. Chaque année, environ 1450 km² de glace se détachent des glaciers et deviennent des icebergs. Ils prennent différentes formes, couleurs et dimensions. Lorsqu’ils atteignent la mer, ils ont la forme d’une table (iceberg tabulaire). Leurs longueur est 5 fois plus grande que leur hauteur. Il n’est pas rare que des icebergs fassent de 7 km de long ! Lorsqu’ils ont dérivé pendant quelque temps en mer, leur surface devient irrégulière et ils prennent une forme bizarre à cause de l’érosion du vent et de l’eau.

Pour assister à ce spectacle hallucinant, nous nous sommes levés à 7h, dans un froid glacial...

Après 10 minutes je suis forcée à retourner dans la cabine. Je suis allée chercher une chemisette en laine, des collants, un bonnet et des gants en soie car il fait un froid de canard. La température est de -3°C, mais avec un vent froid ( » wind chill « -facteur 16), ce qui signifie que ce vent mordant donne l’impression que la température est de -20°C. Mais dès que nous nous sommes bien emmitouflés, la vue qui s’offre à nous nous fait rapidement oublier ce froid.

110 ans plus tard

Nous naviguons en direction de Gerlache Street. Lorsqu’Adrien de Gerlache a atteint cet endroit le 27 janvier 1898, il raconte dans le récit de son expédition :  » Le panorama qui se déroule sous nos regards, et que nuls autres yeux n’ont jamais contemplé, est d’une grandeur farouche. A mi-hauteur des falaises noires, grises ou rouges, flottent des nuages légers comme d’impalpables gazes, à leur pied réapparait la glace, d’une blancheur éclatante, qui se teinte d’azur au niveau de la mer. Ca et là, flottent de blancs icebergs aux arêtes bizarres, aux formes étranges, châteaux enchantés ou grottes azurées, attirantes et perfides. Les glaciers, semblables à de grands fleuves figés, viennent s’épancher et se perdre dans la mer qui paraît toute noire en opposition avec tant de blancheurs. Les sommets, couronnés de glace et de neige, étincellent de mille feux sous le soleil, projettent derrière eux des ombres aux teintes subtiles et mourantes, des bleus tendres, des violets très pâles.  » 110 ans plus tard, nous ne pouvons pas trouver de meilleure description...

De temps à autre, des baleines s’approchent. Nous les remarquons aux fontaines d’eau ou aux nageoires qu’elles rejettent élégamment comme si elles mettaient au défi les photographes de pouvoir les fixer sur du papier.

A 11h et à 14h, Walter Roggeman fait un exposé, l’un en rançais et l’autre en néerlandais, sur les expéditions polaires les plus connues. Un morceau d’histoire qui nous semble beaucoup plus intéressant que dans nos manuels scolaires maintenant que nous avons nous-mêmes vogué dans ces paysages magiques.

Le Lido, un des bars du Discovery, ouvert 24h/24. Personne ne met plus que la main dans le jacuzzi !
Pendant les temps libres, on travaille sa condition physique...

Et puis, il y a encore tant d’activité à faire à bord du bateau, comme une démonstration de cuisine, une conférence sur les artistes qui se sont inspirés du pôle sud et bien sûr les inévitables exercices physiques. Le repas du soir nous emmène aux quatre coins du monde, avec un dîner  » Around the world « , délicieux comme toujours.

Mardi 5 février – Le long des côtes antarctiques

La journée d’aujourd’hui a été particulièrement tranquille : nous avons vogué vers l’Ile Eléphant pour nous rendre sur cette dernière et retourner encore un peu plus vers le Sud, cette fois, entre les îles et la péninsule antarctique. Le programme des journées comme celle-ci est de s’en mettre plein les yeux. Malheureusement, les éléments étaient contre nous aujourd’hui. Toute la journée, le paysage s’est enveloppé d’un épais brouillard. Par chance, nous avons longé les icebergs les plus impressionnants qui même dans ces circonstances valaient vraiment le détour. Mais malheureusement, nous devons nous contenter du plaisir des yeux et enregistrer ces images dans notre petite tête car les photos sont tristement grises et ne rendent pas la splendeur des paysages. D’ailleurs, la grande majorité des photos prises ont été immédiatement supprimées.

Un iceberg surgit du brouillard

Même s’il est possible de profiter des paysages à travers chaque fenêtre du bateau, la plupart des gens ont passé la journée dehors. Le soleil avait déclaré forfait mais les animaux étaient au rendez-vous. Une magnifique colonie de pingouins qui a pris ses quartiers sur un iceberg, ou des baleines et des otaries qui émergent des vagues tout autour de notre bateau, sont annoncés par les haut-parleurs sur les différents ponts. Et comme les nombreux Japonais qui sont à bord ne comprennent pas un mot d’anglais, chaque message les fait courir d’une côté à l’autre du bateau tel un troupeau avançant à petits pas. Même lorsque les animaux ne sont plus à portée de vue, ils continuent à prendre des photos.

Lorsque les mains ou pieds sont transis par le froid, tout le monde se hâte à l’intérieur, choisit la boisson qui va faire remonter sa température intérieure, tandis que d’autres s’adonnent avec conviction à une activité sportive. Le bateau est équipé d’une salle de fitness convenable, sur le plus haut pont il est possible de faire son jogging et à différents moments de la journée, nous pouvons participer à des cours de line dance, aérobic et fitball.

Dabns le salon Carousel, on boit en verre en écoutant de la musique, des standards du jazz aux chants hongrois.

La salle de Bridge permet aussi de varier las activités, avec des tables pour les débutants mais aussi des compétitions qui ont lieu dans le plus grand calme. Nous avons également avec nous deux dames qui passent chaque moment libre à la table de puzzle. Les 2000 pièces commencent doucement à prendre forme.

La passion du puzzle

Depuis hier, elles reçoivent un coup de main d’une jeune Polonaise. Sur la station polonaise que nous avons visitée, nous avons embarqué un groupe de chercheurs polonais qui rentrent à la maison après un séjour de 4 mois sur la base Arctowski. Ils restent avec nous jusqu’à Ushuaia.

Aujourd’hui, Walter Roggeman a donné une conférence – dans les deux langues nationales – sur les animaux que nous pouvons voir au cours de notre voyage. Saviez-vous que les oiseaux de mer se rendent sur la terre uniquement pour couver ? Le reste du temps, ils volent jour et nuit. Encore heureux que ces animaux savent s’adapter de manière impressionnante au climat et de la sorte épargner leur énergie.

Walter Roggeman... ... et ses interlocuteurs passionnés!

La journée a été clôturée en beauté par une prestation de notre directeur de croisière Andrea Lowde, qui s’est avérée être une fantastique chanteuse et qui a apporté aux amateurs des magnifiques reprises de standards de jazz.

Lundi 4 février – Fouler le sol de l’Antarctique

Le réveil sonne à 6h. Aujourd’hui, pour la première fois, nous allons fouler le sol de l’Antarctique. A tour de rôle, chaque groupe va descendre du bateau. Notre groupe – les  » jaunes  » – part vers 8h dans les premiers zodiacs. Nous sommes tous impatients ! L’organisation de cette excursion est bien rodée. On nous demande d’enfiler nos gilets de sauvetage pour que nous puissions passer du grand bateau aux zodiacs en toute sécurité.

Récit de voyage : l'Argentine et croisière en Antarctique

Nous visitons l’Ile du Roi Georges où la base polonaise Arctowski est établie. Cette station n’est pas visitable. Comme tant d’autres, elle n’est absolument pas conçue pour la visite de 400 personnes, bien que les zodiacs ne peuvent pas transporter plus d’une soixantaine de personnes à la fois. Les pingouins qui se regroupent d’habitude ici en grosses colonies ne sont pas au rendez-vous. Mais les accompagnateurs, qui jouent la  » police des pingouins  » en s’assurant que tout le monde observe les règles de respect de la faune et de la flore, nous rassurent en nous disant qu’il y a probablement un groupe d’éléphants de mer un peu plus loin. La neige tombe bien aujourd’hui, ce qui rend la prise de photos un peu laborieuse ! Pendant la promenade le long du sable noir, nous trouvons ici et là des restes de squelettes de baleines, qui ont été coupées en morceaux sur place par les chasseurs.

Un gigantesque squelette de baleine sur la plage de l’Ile du Roi Georges. La police des pingouins veille au respect de la faune et de la flore.

Un peu plus loin se tient effectivement un groupe d’éléphants de mer qui ne se soucient guère du public qui se dirige en masse vers eux. Les mâles imposants cachent une partie de leur harem. Les femelles rampent en se tenant l’une près de l’autre. Ces lourdes bestioles ne nous proposent pas une activité intense. Mais nous sommes contents de pouvoir admirer cette  » troupe  » dans son environnement naturel.

Pas trop de mouvements pour les éléphants de mer. Pour avoir chaud, rien de tel que la proximité!

Nous ne sommes d’ailleurs pas les seuls. Soudain, un manchot papou surgit de l’eau pour jeter un oeil. Les éléphants de mer se font immédiatement entendre et le pingouin s’en va à toutes jambes.

Pingouin en vue !

Lorsque je retourne vers l’endroit où les zodiacs font le plein de passagers et lèvent le camp – nous avions une heure pile pour visiter cet endroit – je n’en crois pas mes yeux. Le long de l’eau, un manchot adélie se presse vers moi. Accroupie sur mes genoux (déjà bleus, oui, la chute à Ushuaia a laissé des traces), je me fais toute petite et l’animal se pavane à moins de deux mètres de moi.

Un pingouin un peu curieux. Le manchot adélie.

Dès que tous les groupes ont visité l’Ile du Roi Georges, l’ancre est à nouveau levée. Maintenant, nous ne naviguons plus à vive allure, mais seulement avec deux moteurs afin que nous puissions profiter pleinement de la vue qui s’offre à nous des différents ponts du bateau. De nouveau, quelques baleines à bosses gambadent autour du Discovery et les amateurs d’oiseaux s’en mettent plein les yeux ! Et puis Walter Roggeman est toujours très dans les parages avec ses jumelles pour nous guider dans la découverte de nos amis à plumes.

Les baleines à bosses, vues du bateau.

Il est temps maintenant de nous préparer pour le dîner. Ce soir, c’est repas des pirates !

Nos serveurs se sont déguisés pour l’occasion !

Dimanche 3 février – Premiers icebergs et premiers manchots

Aujourd’hui, nous atteignons la presqu’île antarctique. Tôt dans la matinée, les premiers icebergs apparaissent sous nos yeux ébahis. Et une terre se profile à l’horizon: Deception Island. Le cratère de cette île volcanique est inondé et navigable mais suite à l’accident du Nordkapp l’année passée – dont les causes demeurent nébuleuses – le capitaine du Discovery décide de rester à distance raisonnsable de l’île. Il y a tant de choses à admirer que ce n’est plus le moment de rester enfermer dans le navire: la majorité des passagers reste sur le pont. Nous avons tous reçu une parka rouge, qui tombe à pic! Nous sommes à l’affût des oiseaux, des manchots et autres animaux du Pôle sud. Et nous ne sommes pas déçus. Vers midi, une colonie de manchots vient s’ébattre tout près de la coque du navire. Et une baleine semble nous saluer d’un mouvement de sa nageoire caudale.

Baleines à bosse

Aucune visite n’est prévue aujourd’hui sur la terre ferme mais, à partir de midi, il est possible de faire une sortie en mer sur des zodiacs. Personne n’échappe à la séance de sécurité et autres prescriptions détaillées. La faune et la flore de l’Antarctique sont hautement protégées et, par conséquent, chacun est tenu de se plier à une série de règles strictes. Nous sommes répartis en cinq groupes de couleurs différentes. Les Belges sont « jaunes » et les deuxièmes dans l’ordre à monter dans les zodiacs. Nous avons droit à une une demi-heure de cabotage le long des icebergs, en direction de Discovery Bay, où certains groupes réussissent à fixer sur pellicule d’adorables manchots, tandis que d’autres ont la chance – très rare – d’apercevoir un léopard de mer, poussant son nez hors de l’eau juste à côté du zodiac. De retour sur le bateau, personne ne se décide à quitter le pont, dans l’espoir d’apercevoir encore quelques spécimens de la faune locale. Le soir tombe lorsque, tout à coup, six baleines à bosse viennent à la rencontre du navire. Mais il est déjà l’heure de se mettre sur son trente et un pour le Dîner du Capitaine. Je me trouve face à un terrible dilemme: retourner à ma cabine pour chercher mon appareil photo ou rester sagement dans la file afin de serrer la pince au capitaine. J’opte pour cette dernière solution, d’autant qu’il y a de fortes chances pour que les baleines à bosse aient pris le large avant que j’aie pu mettre la main sur mon appareil. Il me reste à espérer que les impressionnants cétacés auront l’idée de revenir nous faire coucou les jours suivants.

Demain matin, il va falloir se lever tôt. Notre groupe sera le premier à débarquer sur King George Island, à 8h tapantes, pour une visite de la Sation polaire Arctowski.

Samedi 2 février – Une journée en mer

Au petit matin, la mer se calme. Le Passage de Drake prend des allures de Lac de Drake! Le navire poursuit sa route à toute vapeur, c’est-à-dire que les quatre moteurs font ce qu’ils peuvent. A bord, une équipe de scientifiques donnent des conférences en anglais. Quatre sont inscrites au programme: l’une sur l’écosystème antarctique, une autre sur les manchots, l’une consacrée à la géographie et à la géologie du vaste continent blanc et, enfin, une introduction à la reconnaissance des oiseaux de cette région du globe. Nous bénéficions pour notre part de la présence de Walter Roggeman qui a prévu pour notre groupe des conférences en français et en néerlandais. Mais il va nous falloir ronger notre frein: une impressionnante délégation de Japonais monopolise la salle dont nous avons grand besoin. Nous devons finalement nous contenter d’une demi-heure: Walter Roggeman mène sa conférence à un train d’enfer et parvient à nous donner un bel aperçu du 6e continent , dans les deux langues s’il vous plaît!

La journée se déroule sinon sans la moindre vague, comme sous notre étrave! Le Dîner du Capitaine prévu ce soir est remis au lendemain. Bien que le Passage de Drake se déroule sans anicroche, le capitaine ne veut prendre aucun risque et préfère en avoir fini avec la zone de turbulences avant de s’attabler avec ses hôtes.

Vendredi 1er février – La découverte du bout du monde

Aujourd’hui, le Discovery reste à quai à Ushuaia jusqu’à 18h. Nombre de passagers en profitent pour faire des excursions (facultatives). Le matin, au programme, visite du Parc National de la Terre de Feu, l’après-midi excusion en voilier sur le canal de Beagle.

Gerarda et moi choisissons de rester à bord pour régler quelques questions pratiques, puis de partir visiter la ville d’Ushuaia, à taille très humaine, même si elle compte désormais bien plus que les vingt maisons qu’y vit Adrien de Gerlache. Le centre-ville aligne ses boutiques de souvenirs à perte de vue. Mais à force d’admirer les bâtisses et les étalages, puis d’escalader les rues à flanc de montagne, j’en fais un peu trop et finis par m’étaler. Rien de grave, heureusement, un genou bleu et un doigt en sang. Tandis que je me relève et reprends mes esprits, j’entends Gerarda qui grommelle: « 11h20, il faut que je le note ». « Drôle d’idée », me dis-je. Mais non, Gerarda ne fait que son devoir et songe aux éventuelles suites qui nécessiteraient l’intervention des assurances. Ce ne sera toutefois pas nécessaire et nous finissons par en rire. « Décidément, ils sont bizarres, ces Belges », ont dû penser les gens autour de nous.

De retour à bord, nous apprenons que l’excursion en voilier sur le canal de Beagle a été annulée pour cause de houle excessive en mer. Serait-ce le premier signe que la traversée de le Passage de Drake risque de ne pas être coton?

Une mer démontée

A midi, au restaurant, je me retrouve par hasard attablée auprès d’une collègue journaliste new-yorkaise. Elle m’explique avoir déjà avalé un cachet, collé sur sa peau un patch et fixé à son poignet un bracelet spécial, tout cela afin d’éviter le mal de mer. « Eh bien, on peut dire qu’elle a mis le paquet », me dis-je in petto. Encore un signe de ce qui nous attend? Je ne sais pas pourquoi mais l’inquiétude commence à me gagner: on dirait que le Passage de Drake pourrait bien être the meanest piece of sea in the world, comme disait sir Francis Drake, qui redouta toute sa vie cette bande de mer de 600 milles entre la pointe de l’Amérique latine et le continent antarctique...

L’après-midi se passe à bord. A 17h, exercice de sauvetage, histoire que chacun sache quoi faire ou ne pas faire en cas de pépin en mer. Peu après voici qu’on nous annonce que le Discovery ne prendra pas le large à 18h. La capitainerie du port a fermé le port d’Ushuaia pour cause de menace de tempête. Décidément, les signes funestes s’accumulent.

Nous allions rejoindre le restaurant, lorsque notre steward, Antonio, vient nous voir. Notre cabine est située sur un pont dont les deux hublots ne sont situés qu’à quelques mètres au-dessus du niveau de l’eau. Antonio a reçu ordre de renforcer les volets métalliques. Un 4e signe de ce qui nous guette?

Cap sur l’Antarctique !

Au beau milieu du dîner, le navire largue finalement les amarres. La capitainerie du port a changé d’avis et rouvert l’accès au large. Vers 20h30, le Discovery met le cap sur l’Antarctique!

A peine avons-nous franchi le canal de Beagle et abordé le Passage de Drake que le bateau se met à rouler (le roulis est un mouvement du navire de gauche à droite). De quoi vérifier d’emblée si j’ai le pied marin ou non. Heureusement, le Discovery ne tangue pas (mouvements d’avant en arrière), ce qui me convient fort bien. Sans doute certaines personnes à l’estomac plus sensibles ne seront-elles pas de mon avis mais je pense sincèrement que, dans l’ensemble, cela reste tout à fait supportable. Les signes funestes ne l’étaient pas tant que ça...

Jeudi 31 janvier – En route pour une nouvelle aventure

Ce n’est pas encore aujourd’hui que je ferai la grasse matinée! Levée tôt, je déjeune rapidement et, hop! je monte dans le bus qui nous conduit à l’aéroport. Nous entamons la deuxième étape de notre périple. Comme nous sommes particulièrement nombreux à rallier Ushuaia, nous mettons le cap sur le grand aéroport où un Boeing 747 nous attend sur le coup de 10h. Sur place, nous repérons un groupe de Belges. Celui qui ne s’était pas inscrit pour l’excursion à Iguazu ou à El Calafate et est arrivé deux jours plus tôt à Buenos Aires sous la houlette de M. Roggeman. Il est 14h lorsque nous atteignons « el Fin del Mundo », ainsi que l’on surnomme Ushuaia, la ville la plus au sud de la planète. Un bus nous conduit au port où nous attend le majestueux Discovery.

L’écart de température me cause un choc. Loin de la chaleur estivale d’Iguazu et de Buenos Aires, nous sommes accueillis ici par un vent piquant. Je n’ai qu’une envie: prendre sans tarder quelques photos du navire et des environs, au risque de me geler les doigts, d’arborer un superbe nez rougi et de perdre un bout d’oreille ou presque! Un bonnet et des gants n’eussent pas été surperflus mais ils ne font pas partie de ma panoplie.

Comme un labyrinthe

L’embarquement se déroule sans problème: nous ne sommes pas encombrés de nos bagages. Ceux-ci ont été pris en charge la veille, à Buenos Aires, et nous rejoindront dans nos cabines. Un vrai luxe. En attendant ma valise, je visite le bateau. A première vue, ce type de paquebot a tout d’un labyrinthe, on y perd la boussole: où est bâbord, où est tribord? Où est l’avant, où est l’arrière? J’ai apparemment le plus grand mal à repérer la cabine mais je ne suis la seule dans ce cas...

Une fois installée dans ma cabine, l’étonnement ne faiblit pas. Je vais partager cepetit espace pendant les dix jours à venir avec Gerarda, qui n’est pas encore rentrée de l’excursion en Patagonie. Les membres de son groupe nous rejoignent finalement à 19h, juste à temps pour se joindre aux dîneurs plus tardifs. A bord du Discovery, deux services du soir sont organisés: l’Early Sitting à 18h et le Main Sitting à 20h. On assiste à un moment de léger chaos, le temps que chacun repère sa place au restaurant. Plusieurs voyageurs ont fait connaissance au cours des excursions et espèrent se retrouver ensemble à table. Chacun trouve enfin sa place et quelque agréable compagnie: le repas peut commencer. Nous ne sommes pas déçus: la gastronomie est exquise à bord du Discovery.

Chose promise chose due

Nous voici réunis après une séparation prolongée. L’explication: mon ordinateur s’est mis en vacances, nullement gêné! Grâce à l’aide précieuse de Walter Roggeman, qui me prête son PC portable, je suis à nouveau en mesure de vous donner des nouvelles. A partir de ce jour, nous ne sommes plus du tout sûrs d’obtenir une connexion internet. A l’approche de la presqu’île antarctique, nous dépendons de la position des satellites, de la météo et du bon vouloir des dieux.

Je vous avais également promis un écho du groupe qui avait opté pour l’excursion Antarctique jusqu’à El Calafate et les glaciers de Patagonie. Et j’ai aussitôt remarqué que j’avais de la concurrence! Nombre de voyageurs ont emmené leur PC portable pour stocker des photos et des films, et pour tenir leur blog. Eric Maurissen a la grande gentillesse de nous faire partager son expérience, que voici.

29 janvier : Buenos Aires – El Calafate

Journal de bord de Eric Maurissen – Le groupe se sépare. Nous prenons l’avion avec notre guide Gerarda de Buenos Aires à El Calafate, un vol de plus de trois heures. La construction de l’aéroport a démarré en 2002 et des travaux d’extension sont toujours en cours.

La ville est grande comme un mouchoir de poche, elle compte à peine 20.000 habitants et une seule rue commerçante, où l’on trouve de tout. Les prix sont plus élevés qu’ailleurs, importation oblige. La grande ville la plus proche est Santa Cruz, à 350 km de là.

La rue principale de El Calafate Une maison locale
Le groupe a été accueilli dans un très bel hôtel.

El Calafate fut à l’origine une étape sur la transhumance des Gauchos menant leurs troupeaux en bord de mer. Elle doit son nom à un buisson, le calafate, qui porte des petites baies noires dont on fait de la confiture. L’après-midi, nous sommes libres d’aller et venir. Nous profitons du temps beau et chaud pour nous balader dans les environs.

Promenade au soleil
Et une petite halte

Soirée au ranch

Le soir, petite virée prévue jusqu’à une estancia (un ranch) située loin de tout, El Galpón del Glaciar. Après le tea time, servi avec force douceurs et friandises, nous avons droit à des explications savantes sur l’élevage des moutons. Nous assistons à la tonte la plus moderne qui soit, qui permet de prélever en un geste un morceau de laine de 2 m x 1,5 m. Dans le temps, les travailleurs saisonniers parvenaient à tondre 180 moutons par jour et se rendaient d’une estancia à l’autre, où on les rémunérait à la toison. Aujourd’hui, on ne tond plus que trois moutons par jour, et encore est-ce pour le plaisir des touristes. La laine est pressée en balles sur place mais lavée, cardée et filée ailleurs.

L’enclos des moutons Comment fabriquer un manteau bien chaud...
Tout le monde tend l’oreille

Au cours de notre visite au ranch, nous avons également droit à une démonstration d’un gardien de troupeau et de ses deux chiens capables de mener les moutons où il le désire.

Le chien de troupeau suscite l’admiration

Le condor et l’ibis

Nous partons à pied jusqu’à la Laguna de los Pájeros et admirons en chemin d’innombrables plantes. On nous assure que pas moins de 40 sortes d’oiseaux séjournent ici, dont le condor et l’ibis.

La soirée s’achève par un barbecue: agneau de Patagonie et boeuf argentin.
Un groupe de danseurs locaux nous fait une démonstration de tango, tandis qu’un jeune chanteur entonne des airs argentins célèbres.

Quelques douceurs locales

30 janvier : El Calafate – Perito de Moreno

Journal de bord de Eric Maurissen – Une traversée de 78 km et environ 2 heures nous mène aux abords du Glacier de Perito Moreno. Le glacier est célèbre car il retient en hiver les eaux du Brazo Rico, de sorte que le fleuve ne peut plus se déverser dans le Lago Argentinia. Résultat: le niveau grimpe de plus de 15m et plus rien ne pousse sur les rives du Brazo Rico. En mars, c’est la brèche tant attendue qui inonde les rives, souvent à l’excès.

La partie sud de Perito de Moreno... ... et le côté nord

Perito de Moreno fut envoyé dans la région en 1877 afin de fixer la frontière avec le Chili. En guise de récompense, il se vit gratifier d’une partie de la Ptagonie occidentale, qu’il légua à sa mort au gouvernement, à condition qu’elle devienne un parc national.

L’entrée du Parc National

Une faune et une flore inouïes

Les merveilleuses irisations de la glace sur le Moreno et l’eau du lac Argentinia ont inspiré les couleurs du drapeau argentin.

Le reflet du soleil sur la glaces.... De magnifiques couleurs bleues

Le paysage est aussi différent que possible de ce que nous avons pu admirer à El Calafate. D’immenses arbres (les Nire ou Short Desidius Beech tree que l’on retrouve en Océanie) croissent à flanc de colline. Les buissons surnommés Chilean Fire Bush arborent de très belles fleurs couleur feu. La faune locale comprend des renards, des cougars, des chats sauvages, des skunks et des ours, ainsi qu’une quantité d’oiseaux, dont le fameux woodpecker, des perruches et des canards.

Nous montons à bord d’un catamaran qui s’approche à 100 m du glacier. L’impressionnante masse de glace s’élève à 50 m dans le ciel et plonge à 100 m sous les eaux. Mais il n’est pas immobile: le glacier avance de 2 à 5 cm par jour et son sommet prend des allures d’épines acérées.

Les hommes ont bien tenté de s’en approcher davantage mais entre 1966 et 1986, 32 audacieux y ont laissé la vie.

Glaçon géant

Un glacier est constitué de neige non fondue et comprimée en permanence par le poids de nouvelles couches neigeuses. Sa masse est aérée d’innombrables bulles d’air et lorsque le glacier parvient dans une zone plus tempérée, il perd des fragments de glace. A bord du catamaran, chacun entend les sinistres craquements suivis du bruit des immenses glaçons tombant dans l’eau. A Calafate, nous avons même vu un iceberg parti à la dérive 100 km plus loin sur le Lago Argentinia et pourtant encore loin d’avoir fondu.

La journée s’achève par un somptueux panorama sur le glacier de Perito Moreno depuis les terrasses aménagées à flanc de montagne.

La fin du voyage est l’occasion d’une photo de groupe sur fond de glacier et de mont Fitz Roy.

Le groupe des lecteurs de Plus qui ont visité les glaciers

31 janvier : El Calafate – Ushuaia

Journal de bord de Eric Maurissen – Après le petit déjeuner, quartier libre pour tous. Nous sommes nombreux à mettre le cap sur le lagon. Une promenade de 2 km nous y amène au milieu d’une faune et d’une flore de toute beauté. Il ne manque même pas les flamants roses.

L’été, pas moins de 10.000 travailleurs venus de Buenos Aires et d’autres villes débarquent à El Calafate et s’activent dans le secteur touristique.

L’ibis, un des oiseaux qui vivent ici La Reserva laguna Nimez

A bord du « Discovery »

Après le repas de midi, nous prenons le chemin de l’aéroport. Nous atterrirons à Ushuaia et, de là, serons transférés jusqu’à notre paquebot le « Discovery ». Le petit groupe arrive pile à l’heure pour le « late sitting », le repas du soir. C’est aussi l’occasion de faire la connaissance des autres membres du groupe et des nouveaux venus.

Mercredi 30 janvier 2008 – Passée la frontière brésilienne...

Hier, Alberto nous a expliqué que les Européens n’ont pas besoin de visa pour passer au Brésil. Nous pouvons donc profiter de cette escale facultative pour admirer les chutes d’Iguazu côté brésilien. L’ensemble du groupe vote pour, en conséquence de quoi nous nous retrouvons ce matin, dès 7h, à la table du petit-déjeuner, prêts à démarrer en car à 7h30, cap sur le Brésil. Côté brésilien, la visite des chutes d’eau prend des allures de trip à la japonaise, comme le dit notre guide Alberto. Le parcours est absolument plat, donc accessible à tout le monde. Des terre-plains, des terrasses et des ponts offrent autant de points de vue d’où les touristes mitraillent les cataractes. En deux jours, j’ai dû prendre quelque chose comme 250 photos, et je ne suis pas la plus enragée! Mais bon, pas étonnant: chaque point de vue dévoile les chutes sous un jour différent. Sans parler de la nature alentour, de toute beauté: poissons, tortues d’eau, orchidées, papillons multicolores... On ne sait où donner de la tête et on est naturellement tenté de mitrailler toutes ces merveilles à gogo, afin de pouvoir les admirer à son aise, une fois de retour chez soi.

Certains membres du groupe s’offrent un survol des chutes en hélicoptère. Puis les vols sont brusquement interrompus: un gros orage menace. Lorsque la tempête se déchaîne, nous avons déjà regagné le côté argentin des chutes d’Iguazu. Après un lunch léger, il est temps de reprendre l’avion pour Buenos Aires. C’est certain: le souvenir des chutes d’eau nous accompagnera jusqu’à notre dernier souffle!

Mardi 29 janvier 2008 – En route vers les chutes d’Iguazu ou vers la Patagonie

Aujourd’hui, le groupe se sépare. Je me joins à celui qui part pour les chutes d’Iguazu. Il n’est pas sot de se plonger dans la lecture des récits de grands voyageurs en Patagonie (Bruce Chatwin & co.). Nous nous mettons en route très tôt pour le petit aéroport d’où partent les vols intérieurs. Après un peu plus d’une heure trente de d’avion, nous voilà sur place. Notre guide local, Alberto, nous accueille à l’aéroport d’Iguazu. Ancien gardien en chef du Parc national d’Iguazu, il nous fait part de son savoir précieux. Notre homme connaît les moindres plantes et animaux du parc et n’ignore rien des fameuses Cataratas del Iguazú, les plus larges chutes d’eau au monde.

Le soleil brille généreusement – faisant virer mon teint au rouge en un rien de temps. Pour la saison, la température, est, paraît-il, très modérée. Rapportée à nos normes belges, on parlera néanmoins d’une exquise chaleur estivale, idéale pour la randonnée qui va nous mener jusqu’aux immenses cataractes. Et là, le choc des sens! C’est géant, il n’y a pas d’autre mot. Le spectacle est tout bonnement fascinant.

En début d’après-midi, la majeure partie du groupe (dont des Anglais, des Américains et des Canadiens) décide de tenter l’aventure et de – littéralement – se mouiller. Se détremper, devrait-on plutôt dire : au retour de la balade, nous dégoulinons et nos chaussures ont pris l’eau. Un petit hors-bord nous a menés jusque sous les chutes. A chaque explosion d’enthousiasme, notre pilote nous conduit un peu plus loin sous les trombes d’eau rugissante. L’aventure est, en effet, peu banale et vaut largement de mouiller sa chemise!

Le soir, notre petit groupe « belgicain » – les sept personnes ayant pris part à l’excursion – se retrouve pour un agréable dîner sur la terrasse de l’hôtel, avant de retrouver avec délice, fatigués mais heureux, un bon lit douillet.

Lundi 28 janvier 2008 – trois fois Evita

A 9h du matin, j’ai rendez-vous avec un petit groupe de voyageurs qui doit se rendre dès le lendemain aux chutes d’Iguazu. Gerarda et le groupe qui a choisi la Patagonie se réunissent une demi-heure plus tard.

Pablo sera notre guide pour les jours à venir. Dans l’immédiat, il nous attend pour une visite de la ville. Première halte: la Plaza de Mayo. Depuis la déclaration d’indépendance de l’Argentine, en 1810, elle est au coeur de la vie politique argentine. La Plaza de Mayo est également célèbre pour être la place sur laquelle continuent de se rassembler chaque semaine les « mères en colère ». Quiconque désire se faire remarquer du monde politique sait que c’est ici qu’il convient de planter sa tente. D’ailleurs, en ce moment, des employés de casino licenciés protestent contre le fait que les jeux de hasard sont permis à bord des bateaux jetant l’ancre dans le port, mais ne sont plus autorisés dans les établissements du centre-ville.

Notre guide : Pablo. La Plaza de Mayo.
Le palais présidentiel, actuellement occupé par Christina Fernandez. Le balcon où Evita Perron parlait au peuple argentin.

On remarque, sur la même place, un vaste bâtiment rose. C’est depuis le balcon donnant sur la Plaza de Mayo qu’Evita Peron s’adressa à la population. C’est resté une tribune appréciée de la présidente actuelle, Catharina Fernandez, qui gère ici ses activités gouvernementales.

Depuis 1593, la place abrite la Cathédrale Metropolitana, imposante comme il se doit et érigée par des architectes français, Catelin et Benoit. Les douze colonnes représentent les douze apôtres.

Notre car quitte la Plaza de Mayo et nous emmène dans le quartier populaire de La Boca, où la couleur et le tango règnent en majesté. Dans la calle Caminito, les danseurs de tango et les artistes se disputent l’attention des nombreux touristes qui sillonnent les rues pittoresques et exubérantes de ce coin de Buenos Aires. Pablo nous explique que, dans le temps, les habitants du quartier n’avaient pas assez d’argent pour peindre leurs façades d’un coup. Ils procédaient morceau par morceau avec la couleur dont ils disposaient. D’où ces patchworks colorés qui sont devenus la marque de La Boca.

Les différentes facettes du très coloré quartier de La Boca.

Le dimanche, le tango et l’art pictural doivent compter avec une solide concurrence: celle du football! A tel point que les « Boca juniors », l’équipe dont tout joueur argentin de renom a un jour fait partie, ont leur propre stade. La Bombonera, ainsi qu’on le surnomme, est peint entièrement en jaune et bleu, les couleurs de l’équipe de foot. A en croire la légende, les fondateurs du club de foot n’ont pas pu se mettre d’accord sur une couleur. Il a donc été décidé de retenir les couleurs du premier navire qui passerait au large. Ce fut un navire suédois et, depuis lors, les Boca juniors arborent des maillots jaune et bleu.

Le car nous conduit également à Palermo, le quartier le plus chic de Buenos Aires, celui des ambassades et des consulats. Celui aussi où l’on croise des promeneurs de chiens, qui mènent en laisse quatre à dix toutous à la fois. Explication: les riches habitants du quartier sont trop occupés pour sortir eux-mêmes Médor et chargent une personne de leur faire pour eux.

Notre dernière halte sera pour le cimetière de la Recoleta, où le tombeau le plus célèbre et le plus visité est celui d’Evita Peron, pourtant moins impressionnant que bien d’autres.

Nombreux sont ceux qui viennent se recueillir devant la tombe d’Evita.

Le restant de la journée est libre. Certains profitent des ces quelques heures de loisirs pour faire une excursion en bateau. Puis tout le monde se réunit le soir, pour le dîner suivi d’un spectacle de tango. Car s’il y a trois choses qui tiennent au coeur des Porteños et qu’ils exportent volontiers, c’est Evita Peron, le tango et le fameux steak argentin. En une seule journée, nous aurons eu droit aux trois.

Pour clôturer la journée, ,ous assistons à un spectacle de tango.

Dimanche 27 janvier 2008 – Argentine, nous voici!

Vers 2 heures locales, nous atterrissons à Buenos Aires, où nous attend Gonzalo, un authentique Porteño (un « gars du port »), ainsi que l’on surnomme les habitants de Buenos Aires. Gonzalo nous conduit à notre hôtel. Je ne pense pas avoir été la seule à me précipiter sous une bonne douche ou à me glisser dans un bain chaud, histoire de me détendre.

Comme Gerarda, la guide de la compagnie All Ways, et moi voyageons ensemble pour la première fois, nous décidons d’aller manger un bout à deux, afin de faire plus ample connaissance. C’est ainsi que nous nous attablons sur la terrasse d’un charmant petit resto, à Puerto Madero. Cette partie désaffectée du port de Buenos Aires est en ce moment le « spot » à la mode dans la capitale. Les quais longent un port de plaisance très couru, tandis que les anciens entrepôts ont été rénovés et transformés en restaurants, bars et lofts par centaines. Ce nouveau district n’a que dix ans d’âge et ses rues portent toutes un nom de femme. Depuis la terrasse où nous sommes installées, on aperçoit le pont que tout le monde ici surnomme « la femme », un pont ultra moderne qui rappelle de manière abstraite une femme dansant le tango.

Mais il serait peut-être d’aller se coucher et de récupérer un peu de sommeil. Il n’est que 20h30 mais j’ai déjà plus de 36 heures de veille derrière moi et, là tout de suite, je ne suis plus bonne à rien.

Samedi 26 janvier 2008 – Le départ tant attendu

J’ai eu au cours de ma vie l’occasion de faire quelques très beaux voyages mais, cette fois, l’enthousiasme grimpe encore d’un cran: découvrir l’Antarctique... ce n’est tout de même pas rien! Et il suffit d’observer et d’écouter les voyageurs autour de moi, à Zaventem, pour comprendre que je ne suis pas la seule dans mon cas. Nous avons à peine la patience d’attendre. En conséquence de quoi, tout le monde est arrivé à l’aéroport largement à l’heure et l’enregistrement des bagages se déroule sans anicroche.

Le grand départ.

Il est 19h20 lorsque nous décollons à destination de Madrid, notre première escale. Après un vol de deux bonnes heures, nous atterrissons à proximité de la capitale espagnole, où nous allons devoir patienter quatre heures avant de remonter en avion, direction Buenos Aires cette fois. De quoi faire mieux connaissance avec mes compagnons de voyage. Au vu du maigre choix de restaurants dans l’aéroport madrilène, nous nous retrouvons tout naturellement réunis à table. Je lie ainsi un premier contact avec tous ceux qui, comme moi, vont découvrir le pôle sud.

A 1h30 du matin, nous montons à bord de l’avion, apparemment bondé. Au point même que le nombre de passagers dépasse celui des places disponibles! Résultat: une bonne demi-heure de retard, le temps de régler ce léger problème logistique. A 2h, ça y est, le long vol de douze heures peut démarrer. A nous deux, Buenos Aires! Mon biorythme est très vite mis à mal. A 4h du matin, le personnel de bord nous sert du poulet avec riz ou pâtes... Manger ou ne pas manger, telle est la question. Bientôt, les lumières s’éteignent et chacun essaie de s’endormir tant bien que mal. Vers 8h – mon biorythme est décidément resté coincé à l’heure belge – il me prend des envies d’activité irrépressibles. C’est le matin et, moi qui suis très matinale, j’ai le cerveau qui réclame de se mettre en route: lecture, sudoku... peu importe, pourvu que je ne reste pas oisive. Hélas, la cabine reste désespérément sombre. Il me reste à allumer ma lampe individuelle. Pas de chance! On dirait qu’elle éclaire nettement plus mon voisin que moi. Par quelques grognements discrets mais bien sentis, celui-ci me fait comprendre que lui, en tout cas, a l’intention de dormir encore. J’obtempère et éteins fissa. Mais comment les gens font-ils donc pour passer les douze du vol entre les bras de Morphée?

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