Lifting réussi pour Mons

Certains évoquent l’effet Elio Di Rupo. D’autres penchent plutôt pour les subsides européens. Quoi qu’il en soit, Mons a bénéficié d’un sérieux lifting. Et ses environs immédiats font également peau neuve. L’occasion rêvée de prendre le pouls de la ville du doudou...

Pour la première fois depuis vingt ans, le beffroi de Mons s’est défait de ses échafaudages. A l’intérieur, la rénovation bat encore son plein mais, après avoir jeté ses béquilles, la tour haute de 87 mètres toise, fière et droite, la ville qui s’étend à ses pieds. Le beffroi symbolise à merveille le lifting qui signe, depuis une dizaine d’années, le renouveau de la cité d’Elio Di Rupo. Ce qui n’était qu’une ruine industrielle s’est mué en capitale provinciale dynamique, où trois universités et hautes écoles apportent leur quota de jeunesse. Et le lifting n’en est qu’à ses débuts. Deux musées de premier plan, celui des Beaux-Arts et le musée du Folklore, viennent également d’être rénovés.

Mons n’est pas une grande ville (40.000 habitants intra muros) et on la traverse facilement à pied. Mais vous pouvez aussi emprunter gratuitement les minibus A ou B, qui parcourent des boucles de 20 minutes dans le centre-ville. Les deux lignes démarrent et arrivent Grand-Place. La ligne A privilégie les attractions touristiques. L’idée de ces transports gratuits a été inspirée à Elio Di Rupo par son alter ego de Hasselt, Steve Stevaert. Attention, ces minibus ne circulent pas le dimanche.

Le retour des pavés

Notre balade montoise débute Grand-Place. Entièrement restaurée, avec son hôtel de ville datant du XVe siècle, elle constitue plus que jamais le c£ur de la ville. Pendant la Ducasse, le premier dimanche après la Pentecôte, des milliers de spectateurs y revivent la bataille qui oppose Saint-Georges et le dragon, mieux connue sous le nom de doudou.

Remarquez la couleur des façades : elles reprennent les tons exacts des maisons au Moyen Age. Découvrez aussi, tout à côté du portail de l’hôtel de ville, une tête de singe en fer forgé que chacun se doit d’aller caresser. La tradition prétend que cela porte bonheur... à condition d’utiliser la main gauche.

En prélude à votre balade citadine, passez à l’Office de tourisme, afin de découvrir un film qui retrace l’histoire de Mons. Passez le portail de l’hôtel de ville et pénétrez dans la cour intérieure, le Jardin du Maïeur, donnant accès à la rue d’Enghien, recouverte de pavés anciens, comme de nombreuses rues.

La châsse et le chariot d’or

Empruntez ensuite les charmantes rues Cronque, des Gades et Rampe du Château pour rejoindre la place du beffroi (accessible de 12 à 18h). Ce monument du XVIIe s’élève au point le plus haut de la ville. Lorsque la rénovation intérieure sera achevée (été 2007), un ascenseur mènera les visiteurs à son sommet. On y bénéficie d’un superbe panorama sur Mons et le Borinage. Le beffroi est érigé sur l’ancien site du château des comtes de Hainaut. Il n’en subsiste que la Chapelle Saint-Calixte, datant XIe siècle.

Redescendez des hauteurs du beffroi et retrouvez la rue des Clercs qui débouche sur la plus imposante église de la ville, la collégiale Sainte-Waudru. Elle est célèbre pour ses vitraux, ses statues en albâtre de Jacques Du Br£ucq et pour son trésor de l’église (fermé l’hiver). L’attention est attirée par une châsse en cuivre dorée à l’or fin, qui flotte entre deux colonnes au-dessus de l’autel principal. Elle contient une partie des reliques de sainte Waldetrude, patronne de la ville.

Au fond de la collégiale, on aperçoit le Car d’Or, une charrette en bois doré à la feuille. Le dimanche du doudou, la châsse de Waldetrude traverse la ville sur cette carriole. Les hommes qui la tirent doivent, au retour, hisser le lourd Car d’Or tout au long de la Rampe Sainte-Waudru, jusqu’à l’intérieur de la collégiale. Ils sont obligés de parcourir la montée en une fois, sans quoi la ville est menacée d’une catastrophe l’année suivante. Les hommes avancent donc avec enthousiasme, car ils ne voudraient pas avoir sur la conscience un cataclysme majeur !

Depuis la collégiale, empruntez la rue des Dominicains, la place du Parc et la rue des Marcottes pour rejoindre la rue de Nimy, une des principales artères montoises. La balade permet d’admirer nombre de maisons de style typiquement tournaisien.

Les joies du shopping

La rue de Nimy vous ramène Grand-Place. Mais arrêtez-vous au Mundaneum, qui abrite l’une des plus vastes collections d’archives de notre pays, dont une bonne part provient des juristes Paul Otlet et Henri La Fontaine. Dans la première moitié du XXe siècle, ils nourrissaient l’ambition de réunir toute la somme des connaissances au monde.

En 1950, leur projet s’est vu attribuer un espace à Bruxelles, au Palais du Cinquantenaire, mais hélas sans se concrétiser. Depuis 1998, il a repris du service au Mundaneum de Mons. Le centre comprend, entre autres, un espace d’exposition à la scénographie conçue par les auteurs de BD François Schuiten et Benoît Peeters. Le duo a ainsi recouvert les murs de tiroirs et le plafond d’une voûte étoilée. Au milieu de l’espace, un globe terrestre surplombe une pile de livres. On peut y voir une exposition consacrée à l’histoire du livre, dont le clou est un papyrus égyptien vieux de près de 2.500 ans.

Après cette parenthèse culturelle, laissons nous gagner par un brin de frivolité ! Donnant sur la Grand-Place, la rue de la Chaussée propose sur 800 mètres, libres de tout trafic, une enfilade de grandes chaînes de magasins. Mais les rues adjascentes, comme la rue des Fripiers et la rue de la Coupe, sont celles où vous dénicherez les boutiques pointues, les brocanteurs et les magasins de décoration. Baroc (rue des Fripiers, 32) est une caverne d’Ali Baba pour les amateurs de bijoux et accessoires fashion, en plus d’être un salon de thé ! Au Charme du Passé (rue des Fripiers, 39) vous risquez de craquer pour un charmant meuble ancien.

La ville modèle d’un industriel éclairé

A 12 km de Mons, le site industriel du Grand-Hornu s’étend sur la commune de Hornu. Il a été érigé, entre 1810 et 1830, par l’industriel français Henri De Gorge, qui s’est fait naturalisé Belge après 1830. Inspiré par les exemples anglais et français, il a voulu construire une ville modèle pour ses ouvriers.

Le complexe était destiné à faciliter autant que possible l’extraction du charbon et les activités secondaires industrielles, tout en opérant un contrôle social sur le prolétariat. Au temps de sa splendeur économique, vers la fin du XIXe , siècle douze mines étaient exploitées, tandis que les ouvriers étaient au nombre de 1.800. Tout se déroulait sur place, y compris la fabrication des machines à vapeur. A cette époque, où il n’était pas encore question d’obligation scolaire, les enfants des ouvriers jouissaient d’une instruction gratuite jusqu’à l’âge de 12 ans.

La dernière mine a fermé en 1954. Le charbonnage est aujourd’hui classé. Il comprend les anciennes usines et 440 maisons ouvrières. Le centre névralgique forme un carré disposé autour d’une cour ovale, tandis que les maisons occupent six rues alentour. L’étendue du site est impressionnante. Le bâtiment aujourd’hui sans toit, où les machines étaient fabriquées, prend des allures de cathédrale. Etonnant aussi, le montant des subsides européens consacré à la rénovation. Les bâtiments industriels abritent désormais deux espaces culturels : le Grand-Hornu Images et le Mac’s (Musées des Arts contemporains). Pour en savoir plus sur les expositions en cours, lisez l’encadré ci- dessus. Les salles du Mac’s sont l’oeuvre de l’architecte Pierre Hebbelinck et se fondent admirablement dans l’ensemble historique, grâce à leurs escaliers superbes et à leur belle luminosité. La brique peinte en noir rappelle, elle, le charbon.

Nous vous recommandons le petit guide Balade autour du Grand-Hornu (en vente à la boutique du musée, 2,50 ?), qui permet de parcourir un circuit de 3,5 km, sur les traces des anciens puits de mine. Le gaz naturel et les autres sources énergétiques n’étant pas infinis, nous serons peut-être amenés un jour à nous intéresser à nouveau au charbon qui gît sous nos pieds, à quelques centaines de mètres de profondeur !

Plus d’info :

  • Maison du tourisme, Grand-Place 22, 7000 Mons, Tél : 065 33 55 80 et www.paysdemons.be
  • Le centre-ville est entouré de grands boulevards où vous pouvez garer la voiture. La gare n’est qu’à 1 km de la Grand-Place.
  • Le vendredi, marché aux fleurs et aux végétaux sur la Grand-Place.
  • Cafés sympas : La Cervoise (Grand-Place) sert entre autres la bière montoise La Dragonne. No Maison (Grand-Place), le café préféré des supporters du club de foot RAC Bergen. Le Bailly (rue de Nimy, 8) est une brasserie de style régence.
  • Mundaneum : rue de Nimy 76, ouvert de 13 à 17 h (le dim. jusqu’à 18 h, fermé le lundi). Entrée 2,50 ?. Tél : 065 31 53 43 et www.mundaneum.be
  • Grand-Hornu : rue Ste-Louise 82, 7301 Hornu, ouvert de 10 à 18 h, fermé le lundi. Billet combiné pour le site, Grand-Hornu Images et le Mac’s : 6 ?. Tél : 065 65 21 21, www.grand-hornu.be et www.mac-s.be

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