Les tendances du vin

De quoi alimenter les conversations à table et réussir de belles associations gourmandes.

Contenu :

Tendance n°1 – Flirter avec les consommatrices
Tendance n°2 – L’irrésistible ascension du bouchon à vis
Tendance n°3 – L’arrivée des bi-cépages

Pendant de nombreuses années, le secteur du vin a été plutôt calme. Il y avait les vins populaires, les appellations telles que le bordeaux, le bourgogne ou le champagne et les cépages incontournables tels que le cabernet, le merlot, le chardonnay, le pinot noir... Mais, depuis, les vins du monde ont changé la donne et, de la production à la mise en bouteille, les nouveautés se succèdent à un rythme soutenu. En France, c’est même la sacro-sainte AOC (Appellation d’origine contrôlée) qui est sur la sellette... Voici donc trois tendances déjà bien représentées sous nos latitudes.

Tendance n°1 – Flirter avec les consommatrices

Aux Etats-Unis, où le vin connaît actuellement la plus forte croissance, les professionnels soutiennent que l’industrie viticole doit opérer un retour aux sources et tiennent compte du goût des consommateurs. Désormais, ils ciblent également les gens de couleur (les Etats-Unis comptent quelque 38 millions d’Hispaniques), les minorités sexuelles, les 76 millions de jeunes issus de la Millennium Generation et... les femmes.

Durant des générations, l’achat de vins, leur dégustation et les discussions sur le thème du vin ont été l’apanage de la gent masculine. Les amateurs de vins sont capables d’épiloguer pendant des heures sur un bon cru, de citer toute une littérature consacrée à l’un ou l’autre domaine, voire de citer de mémoire les meilleures années de tel ou tel cépage... Mais dès qu’il s’agit de dégustation pure, ils se font distancer par les femmes.

Une simple impression ? Pas du tout. Il y a quelques années déjà, une enquête menée par l’université de Yale a provoqué un véritable séisme. Les scientifiques s’étaient, en effet, mis en quête d’individus présentant, de manière innée, un sens gustatif plus développé que la moyenne. Il en est ressorti que plus d’un tiers de l’échantillon féminin (35%) entrait dans cette catégorie, contre un septième des hommes (15%). En d’autres termes, en théorie, deux fois plus de femmes que d’hommes ont de meilleures prédispositions pour la dégustation de vin.

De l’importance du goût

J’ai eu l’occasion d’interviewer Kitty Johnson, la fille du célèbre écrivain oenophile anglais Hugh Johnson. Elle a élaboré un guide des vins destiné aux femmes. « Nous avons le goût et l’odorat très développés mais nous frimons beaucoup moins, assure-t-elle. Nous communiquons de manière plus détendue sur le vin, nous utilisons moins de jargon et un vocabulaire plus accessible que celui des hommes. Les femmes se révèlent aussi plus ouvertes et plus franches, car elles jugent un vin sur ses qualités intrinsèques. C’est surtout vrai chez les jeunes femmes. Elles ne s’intéressent qu’à la qualité de ce qu’il y a dans leur verre. Elles se fichent de savoir si le chardonnay est de Bourgogne, d’Espagne ou d’Australie... pourvu qu’il soit bon ! »

Une opinion qui a trouvé un écho dans l’enquête menée en Belgique, en 2004, par TendancesVins auprès de 4.500 Belges. Plusieurs clichés se sont évaporés. Ainsi, le sexe ne semble nullement influencer le goût pour le vin blanc... Hommes et femmes l’apprécient et en boivent tout aussi volontiers. Le rosé, le mousseux et le champagne n’ont pas fait apparaître non plus de différence notable. Le vin rouge, en revanche, semble plus populaire auprès des hommes belges. Ces messieurs sont deux fois plus nombreux à en boire chaque jour (26,4% contre 13,9% de femmes).

En matière de connaissance de vins, on relève cependant une différence majeure. Les hommes s’estiment à 22,6% « bons à très bons connaisseurs », contre seulement 8,6% des femmes!

La femme, un nouveau consommateur

Nombre de fabricants de boissons le savent, les femmes aiment le vin. L’Australien Lindemans Wines a récemment lancé une mini-bouteille, l’équivalent d’un verre (187 ml), dans le but avoué de séduire les jeunes femmes. Le ravissant flacon séduit grâce à son joli bouchon à vis. Beringer Blass Wine Estates a mis sur le marché un vin blanc peu calorique et faiblement alcoolisé. Sous le titre poétique de White Lie Early Season Chardonnay, ce produit s’adresse exclusivement aux femmes. Le cépage chardonnay a été retenu pour le lancement de cette gamme, en raison de sa vive popularité auprès du public féminin.

A l’avenir, en Belgique, on peut s’attendre à une véritable invasion de nouvelles marques et d’étiquettes très fashion, ciblant en particulier un public jeune et féminin. « Les consommatrices de vin ont tendance à écouter davantage les conseils d’autrui, écrit le critique Sbrocco. Lorsqu’une femme déclare adorer un vin, il y a de bonnes chances pour que toutes ses copines veuillent le goûter ! »

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Tendance n°2 L’irrésistible ascension du bouchon à vis

Dans la prochaine édition du guide Les 300 meilleurs vins à mois de 10 ?, 7% des flacons testés seront munis d’une capsule à vis en lieu et place du classique bouchon de liège. Une tendance appelée à se développer. En jargon oenologique, on parle de screwcap ou Stelvin.

Lors des dégustations ouvertes au public, je constate que les gens commencent à mieux accepter cette alternative, du moins quand il s’agit de bouteilles vendues moins de 10 ?.

Le pour et le contre

Le bouchon à dévisser rencontre un vif succès, y compris au sein de l’industrie viticole européenne et de plusieurs appellations. Les réactions négatives, elles, sont souvent purement d’ordre émotionnel. En effet, des générations entières d’amateurs de vin ont ouvert leurs flacons préférés à l’aide d’un tire-bouchon et se refusent catégoriquement à déboucher leur précieux flacon d’une simple rotation du poignet, comme ils le feraient pour ouvir une bouteille de soda. Déboucher une bouteille est un véritable rituel qui participe du plaisir de la dégustation.

Les arguments en faveur du bouchon à vis ne sont toutefois pas à jeter avec la lie. Plus de risque de voir le précieux liquide bouchonné. Ce problème concerne d’ailleurs 5 à 10% des vins, quels que soit leur prix et leur origine. Et ce taux reste stable en dépit des efforts louables consentis par les fabricants de bouchons.

Des tests comparatifs ont d’ailleurs établi que les excellents crus se développent parfaitement sous une capsule à vis. C’est ce qui explique que l’on trouve désormais, en Amérique, de très bons vins rouges de prestige vendus plus de 25 ? et conditionnés sous bouchon à vis. Chez nous, le phénomène se limite encore aux vins blancs et petits vins de soif.

Même le Château Margaux ?

Les pionniers d’Australie, de Nouvelle- Zélande et de Californie ne sont plus les seuls à se lancer dans le bouchon à vis. Les producteurs de vins français suivent le mouvement, même si c’est encore du bout des lèvres et pour le vin de pays uniquement. Mais l’évolution est en marche et commence à toucher les meilleurs crus.

Ainsi le Château d’Agassac, un célèbre cru de Haut-Médoc, a été proposé aux marchands spécialisés ayant réservé la récolte 2004 en primeur, au choix, sous bouchon de liège ou capsule à vis. « Je suis convaincu des qualités de la capsule à vis et j’espère que nous pourrons un jour embouteiller toute notre production comme cela, déclare Jean-Luc Zell, le directeur. Naturellement, comme tout le monde, j’aime le bruit du bouchon que l’on extrait mais je déteste découvrir qu’un de mes vins est bouchonné. »

André Lurton, un autre grand nom du Bordelais, embouteille déjà une partie de ses trois Graves Cru Classé (blancs) sous bouchon à vis. Une rumeur circule même depuis quelque temps parmi les critiques spécialisés : le légendaire Château Margaux expérimenterait le bouchon à vis pour une partie de sa cuvée Pavillon Rouge, deuxième vin de l’appellation. Il est donc grand temps d’oublier nos préjugés !

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Tendance n° 3 L’arrivée des bi-cépages

Lors de votre prochaine visite chez un marchand de vins ou au rayon vins du monde d’une grande surface, ouvrez l’oeil et vous verrez à quel point les bi-cépages, surtout originaires d’Australie, envahissent le marché. Il s’agit de vins réalisés à base de deux cépages en une association insolite. J’ai déjà eu l’occasion de déguster des shiraz/grenache, shiraz/viognier, chardonnay/sémillon, chardonnay/viognier, chardonnay/verdelho et merlot/petit verdot. Et l’offre ne cesse de croître. Cette nouvelle tendance est d’autant plus surprenante que, depuis quelques années, les producteurs du Nouveau Monde séduisent notre marché par le biais de monocépages, des vins vinifiés à 100% avec une seule variété de raisin telle que le shiraz, le merlot ou le chardonnay.

Nouveau et original

Sur un marché mondial en voie de saturation, chacun essaie de lancer des produits neufs et originaux, en phase avec les attentes du consommateur. L’Australie fait à cet égard office de marché test, car les viticulteurs y expérimentent de longue date des cépages oubliés : viognier, verdelho, pinot grigio, sangiovese, petit verdot et tempranillo. Cette nouvelle tendance prend de l’ampleur par les encépagements parfois gigantesques de certaines régions viticoles, après des années d’implantations de vignobles trop jeunes. Les nouveaux bi-cépages sont une manière savoureuse et inspirée de travailler les surplus.

Taillés pour nos nouvelles habitudes de table

Mais l’intérêt des bi-cépages ne s’arrête pas là. Les amateurs de vins constateront à quel point ils s’accordent avec nos nouvelles habitudes gourmandes : cuisine à l’huile d’olive, pâtes et salades méditerranéennes, cuisine fusion, c’est-à-dire plats européens relevés de touches d’inspiration japonaise, thaï, vietnamienne ou indienne, de sauces et de techniques de cuisson nouvelles telles que le wok... La cuisine fusion s’accorde à merveille avec ces nouveaux bi-cépages, très fruités et peu conçus pour le mûrissement en cave.

En Europe, le Midi de la France semble le premier à emboîter le pas à cette mode. J’ai remarqué qu’en Languedoc-Roussillon, plusieurs vins de pays sont passés du monocépage au bi-cépage. Pourquoi les essayer ? D’une part, pour leur saveur étonnante et, d’autre part, pour leur prix très doux.

Les 10 tendances de demain

1. Des vins blancs mis au point exclusivement pour les femmes, dont la provenance et le classement ne jouent plus aucun rôle.

2. Du vin en mini-bouteilles au design souvent très soigné.

3. Du vin en cannettes.

4. Du vin peu calorique, à faible taux d’alcool.

5. De très bons vins avec capsule à vis au lieu d’un bouchon en liège.

6. Du vin alliant deux cépages en une combinaison peu habituelle (bi-cépages).

7. Des vins bio top qualité.

8. D’étonnants vins turcs.

9. Des restaurants où l’on choisit d’abord les vins, puis, sur les conseils du chef, les plats qui les mettent en valeur.

10. Des sommeliers indépendants qui viennent, sur demande, à domicile chez des particuliers, organiser une dégustation entre amis.

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