Le Cimetière de Prague de Umberto Eco

Quel plaisir de retrouver Umberto Eco romancier ! Malgré la polémique qui tourne autour de ce roman, le cimetière de Prague est un grand livre.

Il s’agit avant tout d’une histoire de haine car Simon Simonini est l’antihéros absolu et nous ne pouvons que l’abhorrer. Cet homme étrange n’aime que la cuisine et c’est avec jubilation qu’il nous laisse quelques recettes du XIXème siècle. Il vit pour manger, boire et haïr avec une jouissance malséante. Simon Simonini exècre le monde entier. Pour lui, les Italiens sont vils et traîtres, les Anglais sont sales, les Français sont paresseux, arnaqueurs et persuadés que le monde entier parle leur langue. Les Gitans ? Insolents, les Allemands, à chier etc. Quant aux Juifs, alors vous imaginez bien que les Juifs sont pour lui la lie de l’humanité ainsi que les francs-maçons et les jésuites.

Sur les conseils d’un certain docteur Froïde, Simon Simonini tente de retrouver la mémoire à travers son journal intime. Et nous voilà partis dans un roman-feuilleton à la Eugène Sue où les personnages prolifèrent. Nous assistons à la naissance de l’Italie avec les foulards rouges de Garibaldi, ensuite nous nous rendons dans le Paris du second empire, faisons face à la commune, la construction de la tour Eiffel, l’affaire Dreyfus, l’élaboration du faux que sont  » Les protocoles des Sages de Sion « .

Il faut se laisser entraîner dans ce labyrinthe rempli de machinations, de complots, de mystères, d’ambiguïtés. C’est du grand art. Voici un roman historique délirant à mettre dans ses valises.

Le Cimetière de Prague de Umberto Eco Grasset 580 pages

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