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La Costa Brava, cette belle méconnue

Célèbre pour sa côte en dentelles et ses baies bien abritées, le nord de la côte catalane est en réalité largement méconnu. Plongeon sur ses chemins de traverse de Gérone à Cadaquès...

Souvent visitée en vitesse les jours pluvieux où on fuit les plages de la Costa Brava, Gérone mérite largement plus... Les nombreux envahisseurs de la ville ont, en effet, profité de la pierre locale pour enrichir tour à tour le patrimoine architectural de la capitale. Une fois franchi le pont Eiffel (1876), le plus symbolique des onze ponts de la ville – et le meilleur endroit pour admirer le patchwork coloré des maisons suspendues – se déploie la ville ancienne si bien conservée qu’on y a tourné quelques scènes pour la série Game of Thrones.

La Costa Brava, cette belle méconnue
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Si l’objet principal de la plupart des promenades reste la découverte de la Cathédrale Sainte-Marie de Gérone, flâner dans le labyrinthe des étroites rues médiévales du quartier juif est bonheur sans fin. On passe par les bains arabes d’inspiration romaine (1194), fait une halte dans les jardins de le Francesca à l’ombre des frondaisons chamarrées, avant d’admirer la tour Charlemagne et sa gargouille de la sorcière pétrifiée. Lorsqu’enfin, on rejoint la plaça dels Apostols, gravit l’imposant escalier de la cathédrale riche de 93 marches, il est permis d’embrasser depuis les immenses terrasses l’ampleur de l’architecture mi-baroque, mi-gothique du bâtiment. A l’intérieur, on découvre l’incroyable tapisserie de la Création (XIe et début XIIe) qui encore aujourd’hui fascine par son interprétation de la genèse. Mais qui veut connaître Gérone fait aussi la tournée des nombreux bars, boutiques et restaurants sur et aux alentours de la Rambla.

Sur les chemins de traverse

Les adeptes de la petite reine peuvent pédaler de village en village.
Les adeptes de la petite reine peuvent pédaler de village en village.© Pepite Production

C’est à pied qu’on peut saisir toute la majesté de la Costa Brava. C’est du moins l’idée de Daniel et Iban qui ont décidé de réhabiliter les sentiers historiques des carabiniers et douaniers pour partager l’amour de leur pays en invitant les randonneurs sur le Camino de Ronda. Deux principaux circuits sont proposés, et tout y est d’une organisation parfaite avec un pack de bienvenue très complet : cartes, topographiques, GPS, conseils pratiques pour l’équipement, etc. Le premier itinéraire mène de Sant Felui de Guixols jusqu’au merveilleux village de Bégur. Le deuxième fait une boucle 8 jours/ 7 nuits (140 km) au départ de Gérone. Elle vous promène à l’intérieur des terres dans le massif des Gavarres, partant du parc naturel pour aller longer la côte de Palamos à Platja d’Aro. Un périple enchanteur durant lequel on loge chaque nuit dans les plus beaux villages. Sur ces deux trajets, on apprécie quelques-uns des plus beaux points de vue de la côte, en particulier la crique de Tamariu ou la vue romantique de Callela de Palafrugell à la tombée de la nuit. Ces parcours sont libres, ouverts 365jours/an et adaptables à tous. Pour ceux qui veulent moins d’effort et plus de confort, il existe aussi les vélos électriques, particulièrement adaptés pour flâner dans les villages. Idéalement choisi, l’itinéraire se fait au rythme de tronçons n’excédant jamais 30 minutes, sur des petites routes tranquilles ou des portions réservées aux deux roues.

Le triangle Dalinien

De l'extérieur, le musée Dali est très impressionnant.
De l’extérieur, le musée Dali est très impressionnant.© Pepite Production

Les prochaines pépites de la Costa Brava se trouvent plus au nord encore, au-delà de la baie de Rosas. Figueras, Cadaquès et Pubol agissent bien sûr comme des phares pour les amateurs d’art et adorateurs du grand Salvador Dali. Figueras est sans nul doute la ville phare de la Costa Brava et c’est avec bonheur qu’on parcourt ses rues piétonnes et commerçantes. Le regard reste accroché aux maisons de style néo-classiques. Puis arrive le théâtre Musée Dali... Quand, à l’aube des années 60, l’artiste décide d’installer son musée au coeur des vestiges du vieux théâtre de Figueras, il justifie son choix en disant:  » Où, si ce n’est dans ma ville, doit s’établir ce qui dans monoeuvre, sera le plus extravagant et le plus solide ? Le Théâtre municipal... m’a paru convenir tout à fait et ceci pour trois raisons : je suis un peintre éminemment théâtral, le théâtre se trouve juste devant l’église où j’ai été baptisé et parce que c’est dans la salle du vestibule du théâtre que s’est tenue ma première exposition de peinture. »

Sous la coupole du musée Dali à Figueras, une fresque du maître.
Sous la coupole du musée Dali à Figueras, une fresque du maître.© Pepite Production

Bien plus que l’emblème du Théâtre-musée, la coupole de ce théâtre est devenue un véritable symbôle pour la ville de Figueras. La tour Galatea (Tour Gorgot rebaptisée en l’honneur de Gala, muse et compagne de l’artiste) où il vécut et le mur d’enceinte du bâtiment d’une couleur rose/rouge parsemé de pains et surplombé d’oeufs fait le bonheur des photographes. Ce sont les restes des fortifications de la ville. La partie la plus récente est consacrée à la vision particulière du bijou par Dali. Mais que renferme ce musée de si particulier pour qu’il soit le deuxième plus visité d’Espagne après le Prado à Madrid ? Juste ce que l’artiste avait imaginé : « Je veux que mon musée soit comme un bloc unique, un labyrinthe, un grand objet surréaliste... » Et il l’est au point qu’on sort de cette visite comme d’un rêve, la tête remplie d’étoiles, le visage de Gala si parfaitement peint en étant la quintessence.

Pour poursuivre cette plongée dans l’univers de Dali, cap sur Cadaquès. Ses rues étroites et sinueuses avec leurs maisons aux murs blancs et volets bleus rappellent un paysage grec ! Il est magique de grimper dans ces ruelles dont on découvre à chaque détour un nouveau paysage. Vous serez vite gagné par une certaine nonchalance qui conduit invariablement à siroter un apéro dans l’un des nombreux bars de ce port hors du temps puis à prolonger la soirée autour de poissons fraîchement pêchés. La maison du peintre, elle, se trouve un peu plus loin à Port Lligat. C’est en 1930 que le maître et sa muse achètent une petite maison de pêcheurs sur les terres natales du père Dali. Ils l’agrandiront peu à peu pour en faire une oeuvre remarquable et surréaliste, à la fois maison et atelier au mystère protégé par les oliviers. La visite permet donc d’entrer un peu plus dans l’intimité du couple. Les plus fanatiques finiront leur triangle dalinien en visitant le château « Gala-Dali » à Pubol, le dernier atelier de Dali entre 1982 et 1984 et le mausolée de sa muse. À la mort de Gala en 1981, Dali quitta pour toujours ces lieux dont chaque recoin lui remémore l’amour de sa vie...

A Port Lligat, Dali a transformé une maison de pêcheur en construction surréaliste.
A Port Lligat, Dali a transformé une maison de pêcheur en construction surréaliste.© Pepite Production

Infos : www.spain.info

Y aller : nous avons volé de Charleroi à Gérone avec Ryanair

A faire : « Camino de Ronda » randonnée linéaire (43 €) – circulaire (115 à 168 €) http://www.camideronda.com

Triangle dalinien : (Figueras / Cadaquès & Puyol) : réservation sur www.salvador-dali.org

TEXTE & PHOTOS : CAMILLE JS / PEPITE PRODUCTION

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