Arlon. © FTLB - PWILLEMS

Et si on faisait halte à Arlon?

Arlon, c’est un peu le bout du bout de la Belgique. Et quelques pépites... qui méritent bien une petite étape !

Arlon.
Arlon.© © FTLB – PWILLEMS

Si Tongres revendique haut et fort son statut de plus vieille ville de Belgique, il est une autre cité, beaucoup plus discrète, dont l’histoire est tout aussi ancienne, si pas davantage : Arlon. Situé sur une importante chaussée reliant Reims à Trêves, le site est occupé par les Romains dès le Ier siècle avant Jésus-Christ.  » On ne peut pas à proprement parler de ville: Arlon est à l’époque ce qu’on appelle un vicus, une grosse agglomération « , raconte Elodie Richard, directrice du musée archéologique d’Arlon. La localité abrite néanmoins une élite marchande et militaire, ainsi que de nombreux artisans. Tout ce petit monde se rencontre dans les thermes (dont il subsiste quelques traces) arrosés par la Semois et se fait enterrer dans une nécropole le long de la chaussée, sous des mausolées sculptés parfois très luxueux.

Malheureusement, à partir du troisième siècle, le quotidien de cette population est fortement bousculé. Les barbares déferlent sur la région en semant la destruction sur leur passage. Les habitants d’Orolaunum Vicus (le nom latin d’Arlon) quittent la plaine pour se réfugier sur une colline, le Knippchen. Ils fortifient la position en réutilisant les pierres du cimetière antique désormais abandonné. Une chance, pour les archéologues contemporains : bien à l’abri dans les fondations des murailles, quantité de bas-reliefs gallo-romains ont été incroyablement préservés et sont désormais réunis au sein du musée archéologique d’Arlon. Le musée à lui seul vaut le déplacement : la collection lapidaire est, dans son genre, l’une des plus importantes d’Europe ; les sculptures stupéfient par leur qualité et leur état de conservation. Certaines sont d’ailleurs classées, à juste titre,  » trésor de Wallonie « .

Foudre divine

Deux tours antiques de la ville, dégagées lors de travaux contemporains sont désormais enserrées par un écrin de béton: il s’agit des derniers vestiges de l’imposante enceinte enserrant la colline du Knippchen au Bas-Empire romain. Des ruines particulièrement massives et bien préservées.  » Par les anfractuosités des murs, on peut encore voir des pierres sculptées qui n’ont pas été dégagées, fait remarquer ma guide du jour, Suzette Chaidron. Les tours ont d’ailleurs été baptisées Jupiter et Neptune car des bas-reliefs de ces dieux ont été retrouvés dans leurs sous-bassements ! « 

Longtemps, le Knippchen restera une position défensive d’importance. A nouveau fortifié au Moyen-Âge et au XVIIIe siècle, il est désormais dominé par l’église Saint-Donat (XVIIe s.), dédiée au saint du même nom, qu’on invoque traditionnellement contre l’orage. Il faut dire que la roche de la région est riche en fer, ce qui a tendance à attirer la foudre ! On accède au sommet de la butte via une charmante  » montée royale « , qui remplit aussi la fonction de chemin de croix. Là, l’église est surmontée d’un belvédère qui offre un panorama particulièrement étendu : de ce nid d’aigle, par temps clair, on peut voir à plus de vingt kilomètres à la ronde.

Dernières demeures

Après nous être approchés des cieux, retour à la terre : les amateurs de cimetières de caractère devraient être ravis par celui d’Arlon. Créée au XIXe siècle et située à quelques encablures du centre, sa partie la plus ancienne n’est pas sans rappeler l’atmosphère romantique de certains cimetières parisiens, mêlant tombes anciennes de guingois et végétation foisonnante. Il renferme aussi une étonnante enclave destinée au culte hébraïque : la ville a longtemps abrité une importante communauté juive ; il s’y trouve d’ailleurs la plus ancienne synagogue de Belgique toujours en activité (1865).

Les plus anciennes tombes juives remontent aux années 1800, mais les dates de décès indiquées sur les pierres laissent pantois : elles sont calculées sur l’an I du calendrier hébraïque, bien plus ancien que le calendrier latin. Il n’est donc pas étonnant de voir que des défunts ont rendu l’âme en... 5676 ! La symbolique des tombes est aussi très caractéristique.  » On y remarque par exemple de nombreuses représentations de mains levées « , souligne ma guide. En y regardant de plus près, on remarque que ces mains écartent le majeur et l’annulaire... exactement comme pour faire le  » salut vulcain  » de Star Trek, la célèbre série télévisée des années 60. Ici, aucun rapport avec la science-fiction, bien évidemment : il ne s’agit là que d’un très ancien signe de bénédiction.

Infos pratiques

Office du tourisme d’Arlon : ouvert 7j/7, de 8h30 (9h les w.-e. et jours fériés) à 17h. 2, rue des faubourgs, 6700 Arlon. Plus d’infos : 063216360 ou www.ot-arlon.be

Musée archéologique : ouvert du mardi au samedi de 9h (13h30 le dimanche) à 17h30. 13, rue de martyrs, 6700 Arlon. Plus d’infos: 06321 28 49 ou musee.archeologique@province.luxembourg.be

Les tours Neptune et Jupiter ne sont accessibles qu’accompagné d’un guide. Contacter l’Office du tourisme à ce propos.

Cimetière d’Arlon, rue de Diekirch 243, 6700 Arlon. Ouvert en journée.

Musée Gaspar : en hiver, ouvert du mardi au samedi de 9h30 (13h30 le dimanche) à 17h30. Rue des martyrs, 16, 6700 Arlon. Plus d’infos : 063 60 06 54 ou musee.gaspar@arlon.be

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