C’était au temps où Bruxelles bruxellait...

Né en 1922, André Hankar a vécu dans un Bruxelles aujourd’hui disparu : celui des trams vicinaux et des premiers clubs de jazz. Dans  » Petites histoires de la Belgique de nos grands-parents « , le nonagénaire raconte 70 souvenirs du temps passé. Tour à tour réjouissant et émouvant.

Quand on a la chance de vivre en bonne santé pendant 92 ans, on a forcément la tête emplie de souvenirs. Souvenirs qui, le plus souvent, n’appartiennent qu’à soi tant qu’on ne les a pas partagés. C’est en réalisant que ses enfants et petits-enfants ne connaissaient finalement pas grand-chose de sa vie passée qu’André Hankar a décidé de prendre la plume, pour se raconter et raconter le temps d’avant.

Plutôt que d’opter pour une longue biographie, le nonagénaire a préféré mettre en scène septante souvenirs marquants de son existence. Soit des dizaines d’instantanés d’une époque révolue : de la maison bourgeoise des années 30 de ses grands-parents aux hélicoptères de la Sabena des années 50, en passant par les derniers réverbères au gaz de la Place Stéphanie, André Hankar nous fait voyager dans le Bruxelles du passé. Les anecdotes, parfois légèrement grivoises mais toujours très imagées, ont la saveur du vécu et débordent en province ou à l’étranger. Car André Hankar fut aussi un grand voyageur, au parcours hors normes: c’est ainsi lui qui a introduit les céréales Kellog’s sur le Vieux Continent dans les années 50, en vendant ses premières boîtes... à un épicier de Verviers ! Un succès qui s’étendra par la suite à la Suisse, au Pays-Bas, puis à toute l’Europe...

Guerre et paix

A la lecture, on se surprend à rêver de cette époque où il était possible de circuler aisément en voiture sur les boulevards bruxellois, où le premier réfrigérateur faisait l’admiration des voisins, tandis que la crémière du coin vendait encore son beurre à la motte. Où le monde des affaires avait encore un côté artisanal, tout en restant soucieux de profiter des plaisirs de l’existence.

Qu’on ne s’y trompe pas, tout n’était pas rose pour autant : l’auteur revient longuement sur son vécu de guerre, qui débuta par le bruit des bombardiers Stukas plongeant sur la capitale. Le jeune homme d’alors connu l’évacuation, l’occupation et s’enrôla dans l’Armée de libération avec l’envie de  » casser du Boche « . Une volonté de vengeance exposée sans faux-semblants, et qui s’estompera bien vite face à des familles allemandes réveillées en pleine nuit, terrorisées et en pleurs...

Un chapitre parmi d’autres qui montre qu’André Hankar – récemment décédé – était avant tout une personne d’une profonde humanité. Apprenant qu’il souffrait d’un cancer lors de la rédaction de son livre, il a d’ailleurs décidé de faire don des bénéfices à la Fondation de l’Hôpital Saint-Jean, en faveur des enfants également atteints de cancer. Car, comme il le disait lui-même, «  ils ont plus d’importance que moi pour l’avenir « .


« Petites histoires de la Belgique de nos grands-parents », par André Hankar, éditions Jourdan. isbn : 978-2-87466-414-4. Prix : environ 8,9?

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