Bruxelles en images sous l’occupation allemande

Peut-être avez-vous connu Bruxelles sous l’Occupation allemande, mais sans doute ne l’avez-vous jamais revue, telle qu’elle était à l’époque, sous forme de photographies. Plus de 70 ans après le conflit, le Musée de la Photographie de Charleroi nous livre un témoignage inédit en images.

Jimmy Bourgeois a 21 ans lorsque la Seconde guerre mondiale éclate. Lui qui est né à Londres, il habite Bruxelles depuis plus de cinq ans et est déjà passionné de photographies. Alors que les conflits mondiaux sont largement commentés dans l’actualité, son fils Pierre cède aujourd’hui au Musée de la Photographie de Mont-sur-Marchienne une quarantaine de clichés inédits réalisés par son père. Machine à remonter le temps, oeuvre d’art et véritable travail de photo-reporter, l’ensemble des photographies témoigne du courage insensé d’un jeune homme intrépide.

Indépendant et libre

Lorsque l’armée allemande pénètre dans Bruxelles le 15 mai 1940, la presse va rapidement être muselée au profit de l’Occupant. Les photographes doivent cesser leurs activités ou travailler à la solde de l’ennemi. Jimmy Bourgeois ne travaille pour personne. Ou du moins ne sait-il pas encore qu’il travaille pour l’Histoire. Muni de d’appareils peu discrets et encombrants, il parvient à photographier pendant quatre ans, au nez et à la barde des Allemands, la vie quotidienne de la capitale sous l’Occupation.

Sous le manteau

Pierre Bourgeois a fait don au musée de 270 négatifs ayant appartenu à son père. Le service Collection les a examinés, analysés et en a dégagé plusieurs séries racontant l’histoire de cette occupation: Bruxelles détruite, les victimes, la propagande, le marché noir, les Allemands dans la ville, les manifestations et enfin Bruxelles libérée. Sur les clichés en noir et blanc, on reconnaît les grands boulevards bruxellois éventrés, l’avenue Louise où la gestapo avait établi son QG au n° 453, les longues files de ravitaillement, les campagnes d’affichage illustrant les nouvelles mesures populaires, etc. Les cadrages ne sont pas toujours les plus aboutis, mais pouvait-on en attendre davantage d’un jeune homme photographiant sous le manteau, au péril de sa vie? Sa manière de photographier, très directe, s’inscrit finalement dans le reportage de l’époque. Après le conflit, Jimmy Bourgeois rejoindra d’ailleurs l’agence américaine Associated Press pour qui il couvrira notamment l’ouverture des camps nazis en Allemagne.

Molesté

A travers ces clichés, on ne voit pas Bruxelles occupée, on la vit pleinement. On ressent la peur, mais aussi l’adrénaline au moment de déclencher. Le jeune Bourgeois sera d’ailleurs repéré et molesté par des marchands au marché noir, qui le soupçonnent de travailler pour les Allemands. Il reviendra pourtant quelques jours plus tard pour terminer son travail de mémoire. Et quand le matériel lui vient à manquer, il se fournit en produits et pellicules auprès de la Résistance néerlandaise. Jimmy Bourgeois n’a pas froid aux yeux.

Un livre

De ce travail de mémoire, est réalisé un ouvrage, « Bruxelles sous l’occupation nazie », écrit par Pierre Bourgeois. Les 155 photos montrent un Bruxelles violé, meurtri, affamé, terrorisé et donnent une vision exclusive de cette période. Un travail de mémoire de père en fils.


Bruxelles à l’ombre allemande, auMusée de la Photographie jusqu’au 7 décembre 2014. 11 avenue Paul Pastur, 6032 Charleroi. Ouvert du mardi au dimanche de 10 à 18h. Prix: 6? (4? pour les seniors). Infos: 071 43 58 10 www.museephoto.be. Bruxelles sous l’occupation nazie de 1940 à 1944, par Pierre Burgeois. Editions du Pré Riant. 160 pages. 29 ?. www.editionspreriant.be

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