Bruxelles à l’heure allemande

Dans le cadre des Commémorations du Centenaire de la guerre 14-18, le département culturel de la capitale vient de mettre en ligne un superbe site internet consacré à la vie quotidienne pendant l’occupation. En attendant une exposition, bien réelle cette fois, en août 2014.

Dans les livres d’histoire, on parle peu de Bruxelles pendant la Première Guerre mondiale. Et pour cause : déclarée ville ouverte à l’approche des Allemands, la capitale sera occupée sans combats ni massacres. Il serait pourtant faux d’affirmer qu’il ne s’est rien passé à Bruxelles entre 1914 et 1918. Comme dans le reste du pays, pendant 4 ans, ses habitants vont devoir apprendre à vivre avec l’occupant, faire face à la disette et aux restrictions.  » Pour se nourrir, ils ont par exemple dû apprendre à consommer le rutabaga, auparavant destiné au bétail, afin de remplacer les pommes de terre devenues très rares « , explique Karine Lalieux, échevine bruxelloise de la culture. La plupart des industries tournent au ralenti, le chômage fait des ravages. Pour la première fois en Belgique, les gens sont fichés, notamment pour empêcher les jeunes belges de rejoindre le front via les Pays-Bas.

 » Bruxelles est un cas emblématique de ‘ville en guerre’, ajoute Jean Houssiaux, archiviste de la capitale. Il s’agit de l’une des plus grandes villes occupées de la Première Guerre mondiale [et de la seule capitale !], dans laquelle des centaines d’Allemands vont être détachés durant tout le conflit.  » Face à cette omniprésence allemande, aux restrictions et aux réquisitions des chiens, de laine, etc., les Bruxellois vont faire preuve d’une certaine résistance, dénonçant (parfois avec humour) les exactions de l’occupant.  » Le bourgmestre de l’époque, Adolphe Max, sera lui-même emprisonné pour insoumission et deviendra une icône de la résistance en territoire occupé « .

Des archives en ligne...

L’occupation de Bruxelles entre 1914 et 1918 a donc donné naissance à quantité de photographies, d’affiches placardées sur les murs, de cartes postales, de caricatures, de journaux de presse clandestine (qu’on pense à la Libre Belgique !) et de lettres intimes... Dans les années suivant la guerre, les archives de la ville récolteront rapidement une myriade de documents. Un appel aux dons a récemment permis de renforcer les collections, aujourd’hui en partie accessibles via internet.

Le site www.14-18.bruxelles.be permet ainsi de découvrir quantité de facettes de la vie quotidienne sous l’occupation (l’alimentation, les relations entre Bruxelles et les soldats belges au front, les enfants, la résistance...) via près de 1.000 documents qui seront mis en ligne progressivement, tout au long des quatre années du Centenaire. Les affiches disponibles sur le site suivront par exemple la chronologie du conflit et de l’occupation, permettant de revivre la guerre presqu’au jour le jour, à cent ans près. Actuellement, seules les affiches d’août 1914 sont disponibles : elles font référence à la mobilisation, au rationnement, à la peur des espions ou encore à la tension palpable une fois Bruxelles occupée.

... et derrières des vitrines

Ce site internet sera secondé par une exposition aux Musée de la Ville (situé sur la Grand-Place) à partir du 21 août 2014, soit cent ans et un jour après l’arrivée des Allemands à Bruxelles. Cette exposition adopte un point de vue intéressant, puisqu’elle met en parallèle la vie quotidienne des Bruxellois et celle des populations urbaines d’outre-Rhin.  » On a voulu ne pas restreindre et limiter les Allemands dans le rôle des ‘méchants’, explique Gonzague Pluvinage, historien et commissaire de l’exposition. La population allemande est d’ailleurs persuadée de mener une guerre ‘juste’, défensive « .

L’exposition  » 14-18 Bruxelles à l’heure allemande  » permettra par ailleurs de découvrir des pièces étonnantes et uniques, telles que ce corset aux couleurs nationales, exposé en vitrine durant la guerre pour faire un pied de nez subtil à l’occupant, des morceaux de zeppelin ramassés par un particulier ou encore un carnet de poésie, en préface duquel une mère recommande à sa fille de transmettre à ses descendants la  » haine  » du Boche...

Info : www.14-18.bruxelles.be

L’exposition  » 14-18 Bruxelles à l’heure allemande  » se tiendra au Musée de la ville de Bruxelles, situé Maison du Roi, sur la Grand-Place de Bruxelles. Du 21 août 2014 au 3 mai 2015.

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