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Bruges, version artisanat

La ville de Bruges propose une promenade thématique qui permet de découvrir les ateliers d’artisans qui font sa fierté.

Artisanat. Le terme renvoie souvent à l’image d’un atelier poussérieux occupé par une vieille dame tissant patiemment de la dentelle aux fuseaux ou un homme martelant des sabots. Et le cliché est sans doute d’autant plus fort quand ces artisans exercent leur art à Bruges, le plus grand musée belge à ciel ouvert. Et pourtant, certains ateliers se démarquent aujourd’hui par des créations originales.

Vintage, recyclagle, durable

Bruges, version artisanat
© Handmade in Brugge

«  Bruges est bien sûr une ville de traditions, mais l’artisanat se dépoussière. Et même de plus en plus, explique notre guide. Les jeunes veulent contrebalancer la culture du jetable. » Vintage, recyclagle, durable : ce sont des mots qui ont du sens pour la jeune génération d’artisans. C’est en tous cas ce que nous avons remarqué en visitant quelques ateliers. Bruges en compte cinquante. Ils doivent répondre à un certain nombre de critères pour pouvoir arborer le label Handmade in Brugge, comme celui de faire exécuter toute la production dans la région. En revanche, l’utilisation de techniques anciennes n’en est pas un. C’est ainsi que le designer Patrick Hoet développe des lunettes imprimées en 3D tout en étant porteur du label.

Des rêves de petite fille

Au bout de la rue, nous pénétrons dans l’univers féerique de Veerle Praet, une Brugeoise pure souche qui a grandi dans la ville. Son visage nous fait penser à ceux des femmes peintes dans les tableaux de Memling. Quand elle parle d’elle, elle dit réaliser des rêves de petite fille. Un passage dans son atelier nous permet de comprendre pourquoi. Partout où notre regard se pose, nous découvrons des robes de mariée sorties de contes de fée, des tenues de fête et des manteaux de fourrure pour petites filles.

La styliste a débuté son activité en 2000 en créant des ensembles de fête. Son objectif était d’offrir à chaque mariée la robe dont elle rêvait. « Souvent, je travaille entre huit et neuf mois sur une robe de mariée. Parfois même un an. Mais je confectionne aussi des vêtements sur mesure pour la vie de tous les jours, explique-t-elle. Je peux à peine suivre la demande. Beaucoup de clientes ne rentrent pas dans des vêtements de confection parce qu’ils n’ont pas la même taille en haut et en bas du corps. Pour l’instant, j’habille une dame dont le fils, en chaise roulante, se marie. Elle souhaite un ensemble festif. Toute notre production est confectionné par des couturières en Flandre occidentale. J’ai aussi beaucoup de clientes russes. Elles font du tourisme à Bruges et ont un coup de foudre en passant devant mon étalage. Les Russes ne regardent pas à un rouble quand il s’agit d’un mariage. Elles trouvent très exotique de faire faire leur robe à Bruges. »

Veerle Praet perpétue une tradition familiale puisque sa mère était elle-même couturière et travaillait dans un atelier de l’avenue Louise à Bruxelles. « Ma maman préférait que je fasse des études car elle savait à quel point le monde du stylisme est difficile. C’est donc ce que j’ai fait et je suis historienne. Mais je couds aussi depuis que je suis enfant. C’est ma passion.« 

De la cire et des pâtisseries

Nous faisons un dernier arrêt au Papageno, un atelier situé non loin du théâtre De Stadsschouwburg. Nous sommes accueillis par une odeur de cire et le propriétaire des lieux, Bas Van Mullen, restaurateur de meubles. Avant, cet atelier servait de magasin d’antiquités à son père. « J’ai suivi une formation d’ébéniste, mais la demande est très faible pour cette spécialisation. Les antiquités, c’est plutôt difficile, parce que les prix s’effondrent. J’essaie pourtant de rester fidèle à mon métier et de remettre les meubles anciens en leur état d’origine. Chez moi, vous ne verrez jamais un fauteuil Louis XV peint en blanc ! Pour l’instant, je garde la tête hors de l’eau et je suis persuadé que les antiquités vont revenir tendance. »

Dans la famille Van Mullem, l’artisanat est une tradition. Le pâtissier Servaas Van Mullem, situé juste à côté de Papageno, est le frère de Bas. Leur arrière-grand-père était aussi pâtissier. Frank Lateur – mieux connu sous son nom d’écrivain Stijn Streuvels – avait été son apprenti. Et le hasard a fait que Bas Van Mullem a restauré les meubles pour le Lijsternest, la maison de l’auteur transformée en musée.

La carte complète « Bruges, ville de création et d’inspiration »

Cet article est paru initialement dans le Hors-Série « Escapades en Belgique » (2015).

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