Les chutes d'eau proches de Banja Luka. © DR

Bosnie-Herzégovine, le paradis des aventuriers

A cheval sur la culture occidentale et orientale dans les Balkans, la Bosnie-Herzégovine est le paradis des amateurs d’aventure.

Après la Slovénie, la Croatie et le Monténégro, une quatrième république des Balkans s’ouvre aujourd’hui au tourisme. Au lendemain de la guerre civile, la Bosnie-Herzégovine s’est scindée en deux républiques : la Fédération de Bosnie et Herzégovine à l’ouest et la République serbe de Bosnie – Republika Srpska – au nord-est. Nous avons jeté notre dévolu sur la Bosnie-Herzégovine, une région reculée de l’Europe quasi méconnue de tous et qui attire encore très peu de touristes étrangers.

Les possibilités de logement sont encore limitées mais on s’y sent le bienvenu. Comme en attestent certains gestes. Quand je veux photographier un groupe de femmes âgées en habits traditionnels au marché local de Banja Luka, elles m’offrent en souriant une fleur qu’elle viennent de réaliser. Pas question de payer. J’aimerais les remercier et engager la conversation mais le serbo-croate constitue un sérieux handicap, même si la jeune génération se débrouille plutôt pas mal en anglais.

Les paysages bucoliques de Krupa invitent à la promenade en pleine nature.
Les paysages bucoliques de Krupa invitent à la promenade en pleine nature.

Joie de vivre à Banja Luka

Malgré son allure d’ancienne ville communiste, la capitale bosniaque compte de nombreux étudiants universitaires qui égayent la ville, le soir surtout.  » Les Bosniaques sont les bons vivants de l’ancienne Yougoslavie « , explique notre guide. De fait, la ville regorge de restaurants ouverts en soirée où on peut manger, chanter, danser et (trop) boire pour une bouchée de pain. La musique tzigane mélancolique est omniprésente.  » La kafana est l’exemple même de ce style de vie. On chante, on festoie à tout âge, ce qui crée du lien. Cela nous aide à surmonter les difficultés de la vie. Le calendrier prévoit six périodes de jeûne par an pour compenser « , assure notre guide Miljana Glamocic qui tient à nous familiariser avec les traditions de son pays.

Les paysages bucoliques de Krupa invitent à la promenade en pleine nature.
Les paysages bucoliques de Krupa invitent à la promenade en pleine nature.

Une balade dans Banja Luka permet de voyager dans le temps, les cultures et les religions. La forteresse du Kastel, près de la rivière Vrbas, témoigne du passé médiéval de la cité. Plusieurs batailles s’y sont déroulées mais le site populaire attire aujourd’hui de nombreux visiteurs pour son parc et son restaurant. Un peu plus loin, nous découvrons un chef d’oeuvre de l’art architectural ottoman, la mosquée de Ferhat-pacha (Ferhadija) du XVIe siècle, une des plus belles des Balkans, rouverte au public après plusieurs années de restauration. Elle côtoie la cathédrale du Christ-Sauveur surmontée d’une coupole dorée où se rassemblent les croyants orthodoxes à l’heure de la prière. Nous quittons Banja Luka pour nous rendre à Krupa, plus au sud, où la nature règne en maître.

La cathédrale du Christ Sauveur et ses coupoles dorées à Banja Luka.
La cathédrale du Christ Sauveur et ses coupoles dorées à Banja Luka.

Une profusion de cascades

La plupart des routes dans la région de Banja Luka sont une invitation au voyage. En voiture ou en bus, c’est l’occasion de visiter l’arrière-pays et de s’arrêter pour admirer les somptueux panoramas. Sur la route de Krupa se niche un véritable joyau, là où la rivière Vrbas dessine une épingle à cheveu dans le paysage vallonné. La presqu’île ainsi formée est une véritable carte postale. Les cascades de Krupa à quelque 25 km de la capitale sont une succession de chutes d’eau plus ou moins grandes, nichées dans un écrin forestier sillonné de petits ruisseaux et de sentiers. La région est ponctuée de plusieurs centaines – personne n’a encore fait le décompte exact – de jolies cascades que nous découvrons au fur et à mesure de notre périple les jours suivants. Elles déversent une eau cristalline avec une force impressionnante. Il est possible en certains endroits de se baigner et de pratiquer la pêche à la mouche. Trois moulins à eau utilisent la force motrice du courant pour moudre de la farine de maïs de façon artisanale et traditionnelle.

Les célèbres méandres de la Vrbas.
Les célèbres méandres de la Vrbas.

Le site des cascades peut également se découvrir en VTT jusqu’au lieu-dit Janske Otoke. Comme le vélo n’est encore entré dans les moeurs dans cette région du monde, il n’y a pas l’ombre d’une piste cyclable. Dommage car c’est l’endroit rêvé pour des balades en deux-roues. Tandis que nous faisons une pause au pied d’une cascade, des habitants nous abordent dans leur meilleur français et nous invitent à nous installer à leur terrasse, à l’ombre d’une vigne. En moins de temps qu’il ne faut pour le dire, ils apportent des verres et une bouteille de slivovitz faite maison, la boisson nationale des Balkans qui clôture tout repas digne de ce nom. Une conversation s’engage, métissée de trois langues et de gestes en tous genres.  » Ce genre de rencontre n’a rien d’extraordinaire à la campagne où les habitants sont curieux et particulièrement hospitaliers. Les fêtes spontanées entre voisins sont légion ici « , souligne notre guide.

Un pont suspendu près de Pecka.
Un pont suspendu près de Pecka.

Selon elle, le pays ne manque pas d’attraits touristiques mais de volonté de les mettre en avant. Boro, fondateur de la ferme bio Pecka, est un des pionniers de la promotion touristique. Cet endroit oublié des dieux, entouré de forêts sauvages, de montagnes et de troupeaux de mouton, est le point de départ idéal pour une randonnée en montagne. Au bout d’une montée assez raide, nos efforts sont récompensés : la vue sur la source de la rivière Sana est magnifique. Au milieu de nulle part, plusieurs sources jaillissent pour former de petits ruisseaux qui forment à leur tour une large rivière impétueuse.

Un tel courant invite à l’action. Rien d’étonnant à ce que la rivière Vrbas et ses nombreux méandres aient servi de décor au Championnat du Monde de rafting en 2009. C’est ici, à cet endroit historique, que nous décidons d’entamer une descente de 7 km. Le rafting est un sport très spectaculaire vu d’en haut mais dans l’embarcation, notre pilote sait exactement comment naviguer pour tenir le cap et passer les rapides sans encombre. Même avec des rameurs aussi inexpérimentés que nous. Les rafteurs chevronnés atteignent sans peine les 60 km/h et dépassent allègrement les voitures sur la route qui surplombe la rivière. Nous préférons suivre le rythme du héron cendré qui se laisse emporter par le courant.

Un monument dans le parc national de Kozara.
Un monument dans le parc national de Kozara.

L’ours de Kozara

La
La  » kafana « , un style de vie placé sous le signe de la convivialité.

Pour encore plus d’aventures, direction le parc national de Kozara, ses forêts denses et son authenticité. Pendant la pause déjeuner, quelques gardiens du parc font rôtir un cochon de lait à la broche, actionnée par un moteur de voiture allumé. La réglementation des parcs naturels est manifestement moins stricte que chez nous. La chasse est même autorisée dans certaines parties du parc. Le site abrite un musée ainsi qu’un monument de blocs de béton géants qui symbolisent les atrocités de la Seconde Guerre mondiale dans les montagnes autour de Kozara. De tradition communiste, le musée est comme une machine à remonter le temps et nous propulse dans les années 70. L’arboretum et les sentiers balisés invitent les visiteurs du parc à des randonnées et des circuits VTT dans cette nature encore sauvage. Le petit gibier y règne en maître, même si des locaux affirment apercevoir chaque année un énorme ours brun originaire des montagnes de Bosnie centrale qui traverse le parc pour hiberner en Croatie.

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