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Aller au théâtre, c’est bien. En faire, c’est mieux

Mercredi, ils seront devant leur public. Ils préparent et attendent ce moment depuis des mois. Leur objectif: émouvoir et faire rire leur public avec une adaptation originale de « Beaucoup de bruit pour rien » de Shakespeare.

La distribution est très grande : ils seront au total 20 acteurs et danseurs sur scène dans une salle d’une capacité de 500 personnes. Un luxe que l’on ne peut pas toujours se permettre dans le monde du théâtre professionnel ou alors, à un prix en conséquence. Pour Alain, 50 ans, cela donne quasiment aux amateurs une mission d’utilité publique. Pour cette pièce, le metteur en scène et acteur amateur lui-même Joel Wilmot s’est attaqué à Shakespeare. Il a lui-même adapté le texte original en français mais il se fait épauler de près par un professionnel du théâtre, Juan Marquez, acteur professionnel et metteur en scène à ses heures libres. Un sacré défi qui, selon Gilles (53 ans) prouve que « amateur » ne rime pas avec amateurisme. « Pour ce projet, par exemple, la mise en scène a opté de présenter un texte « classique » dans une boîte de nuit des années 70. C’est osé. C’est aussi la preuve que le théâtre amateur a de la créativité à revendre.

Aller au théâtre, c'est bien. En faire, c'est mieux
© J.W.

Toutes les générations joueront ici ensemble : Iona, 8 ans, est la plus jeune, Gaston, 78 ans, le plus âgé de la Compagnie du Dernier Mot, une des 54 compagnies de théâtre amateur de Bruxelles. Pour la plupart, le terme « amateur » ne doit pas s’entendre par opposition à « professionnel ». Il renvoie plutôt à « aimer », car c’est souvent un prolongement de leur amour pour le théâtre. Kathy, 54 ans, a des abonnements dans plusieurs théâtres mais elle aime rentrer elle-même dans la peau de différents personnages. Pour Jean-Christophe, 53 ans, jouer au théâtre est un prolongement du plaisir qu’il prend aussi à « aller au théâtre ». « Décortiquer le jeu des comédiens pros, voir leurs éventuels trous de mémoire, les trucs de mise en scène ou de jeu, notre passage par le théâtre amateur permet cette compréhension. »

Le théâtre amateur, un moyen de déconnecter du quotidien

La vraie difficulté du théâtre amateur, c’est que chacun le fait après son travail ou après l’école. Difficile aussi d’allier cela avec la vie familiale. Pas évident de concilier les semaines intenses de répétitions et de spectacle avec un travail exigeant. Mais c’est aussi une richesse. Kathy aime montrer aux autres qu’elle n’est pas « qu’une scientifique » qui travaille dans le secteur pharmaceutique. C’est aussi un moyen de déconnecter du quotidien tout en donnant du plaisir à son public. A 58 ans, ce qui fait vibrer Didier, c’est le jeu, l’envie de défendre un texte au mieux et de faire rire ou interpeller son public. Pas de doute, il atteindra son objectif, il interprète un Dogberry tel que Shakespeare l’a sans doute imaginé.

Ce qui est sûr, c’est que le grand William n’aurait pas imaginé voir sa pièce jouée au rythme des Led Zep et de David Bowie ! Les acteurs, eux, ont adhéré à ce choix osé et adorent enfiler leurs costumes des années 70. La troupe montera sur scène quatre fois cette semaine, chaque soir de mercredi à samedi, à l’Espace Lumen à Bruxelles. Une partie des bénéfices de leur dernière représentation samedi ira au profit des Restos du coeur. Et ensuite, ils se reposeront, à moins qu’ils ne soient déjà engagés dans un nouveau projet de pièce.

Plus d’info et réservation http://lederniermot.eu/spectacles/shakespeare2017/index.html

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