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5 fausses vérités historiques

L’Histoire est une science en constante évolution : certaines croyances d’hier sont aujourd’hui démenties, tandis qu’Internet colporte quantité d’informations non vérifiées, erronées et reprises un peu partout. De Charlemagne à Napoléon, en passant par Rembrandt, voici cinq croyances à la vie dure... et à oublier rapidement !

Les frites sont d’origine belge -> Faux. Le terme  » french fries  » est probablement mérité...

Pour la plupart des Belges, l’affaire est entendue : la frite est une invention du Plat Pays, c’est même indiqué dans Astérix ! Dans les années 80, l’historien Jo Gérard a d’ailleurs affirmé avoir retrouvé un manuscrit rédigé par l’un de ses aïeuls, et datant de la fin du XVIIIe siècle. Selon lui, on pouvait y lire que  » les habitants de Namur, Andenne et Dinant ont l’usage de pêcher dans la Meuse du menu fretin et de le frire pour en améliorer leur ordinaire, surtout chez les pauvres gens. Mais lorsque le gel saisit les cours d’eau et que la pêche y devient hasardeuse, les habitants découpent des pommes de terre en forme de petits poissons et les passent à la friture comme ceux-ci. Il me revient que cette pratique remonte déjà à plus de cent années.  » Une caution historique qui a fait recette chez nous mais qui, en réalité, ne vaut rien : le document original n’a jamais été retrouvé et, d’autre part, est très peu plausible. La graisse nécessaire pour frire les pommes de terre était à l’époque un aliment de luxe – hors de portée des  » pauvres gens  » – et la patate n’a pas été consommée dans cette région avant les années 1730.

Des documents français prouvent par contre que la pomme de terre frite était déjà consommée en France dès le XVIIIe, d’abord sous forme de rondelles sautées dans le beurre, puis frites dans la graisse, enfin sous forme de bâtonnets. Il est aujourd’hui admis que la frite est née dans l’Hexagone, et plus précisément à Paris, même si des travaux de l’historien belge Pierre Leclercq montrent que c’est en Belgique qu’elle a reçu ses lettres de noblesse, via le fritkot et, probablement, la double cuisson.

Charlemagne, empereur à la  » barbe fleurie  » ? -> Tout au plus arborait-il une moustache !

5 fausses vérités historiques

Charlemagne est souvent qualifié d’  » empereur à la barbe fleurie « . Mais d’où vient cette image? On la retrouve dans un poème de Victor Hugo ( » Aymerillot « ) et, avant cela, dans de nombreuses chansons de geste du Moyen-Âge. Contrairement à ce que l’on pourrait penser aujourd’hui, cela ne signifie pas que Charlemagne piquait sa barbe de jolis pétales colorés ! Il s’agit en fait d’une expression tombée en désuétude, signifiant que la barbe de l’empereur était fournie et d’une blancheur immaculée, un peu comme les cerisiers en fleurs. Pendant des siècles, une telle pilosité était associée à une grande sagesse et une majesté positive. Bref, digne d’un souverain de légende !

Pourtant, dans la réalité, Charlemagne n’était très certainement pas barbu. Eginhard, ecclésiastique proche de l’empereur, en a dressé un portrait assez détaillé : il parle d’un homme très grand, plutôt gros mais musclé, à la voix frêle (contrastant avec ses mensurations de colosse) et aux cheveux blancs. Il ne parle à aucun moment de barbe, mais n’aurait pas manqué de la signaler si elle était à ce point remarquable. Par ailleurs, on sait que les nobles francs avaient pour habitude de se le laisser pousser la moustache et de se raser les joues et le menton. La plupart des spécialistes s’accordent donc aujourd’hui pour dire que Charlemagne avait probablement de belles bacchantes. Une théorie renforcée par certaines pièces de monnaie d’époque et le seul portrait contemporain de l’empereur encore conservé aujourd’hui (mais il s’agit peut-être de Charles le Chauve, petit-fils de Charlemagne) : c’est parfois subtil, mais les moustaches sont bien présentes.

Le plus célèbre tableau de Rembrandt représente une Ronde de nuit -> Faux. La scène se déroule en plein jour !

5 fausses vérités historiques

La  » Ronde de Nuit « , peinte par Rembrandt en 1642, est aujourd’hui l’un des tableaux les plus connus du Rijksmuseum d’Amsterdam et un chef d’oeuvre de l’art du clair-obscur. Comme son nom l’indique, la scène représentée – une milice urbaine qui entame une patrouille – semble se dérouler dans une rue sombre, à la nuit tombée.

Et pourtant... Tout ceci se déroule en plein jour ! Comment expliquer, dès lors, ce titre et ces teintes sombres ? La faute au  » bitume de Judée  » employé par le peintre dans son tableau. Rembrandt a en effet enduit sa toile de ce pigment épais et très couvrant avant de peindre ses personnages et son décor dans une atmosphère diurne. Malheureusement, ce type d’apprêt vieillit très mal avec le temps : les années passant, le bitume de Judée finit par former une pellicule noire et indélébile sur la toile, assombrissant l’ensemble de la composition. Un autre tableau très célèbre souffre d’ailleurs du même problème : le Radeau de la Méduse, de Théodore Géricault. Un phénomène malheureusement impossible à enrayer.

Initialement, le tableau de Rembrandt n’avait pas de titre. Mais en voyant le tableau bien plus sombre qu’il ne l’était initialement, les critiques d’art du XIXe siècle l’ont tout naturellement baptisé  » La Ronde de Nuit « . L’oeuvre, dont l’histoire est aujourd’hui bien connue, représente en réalité une compagnie de la milice bourgeoise d’Amsterdam se rendant en grande pompe à l’exercice.

Les dangers de l’amiante étaient déjà connus dès l’Antiquité -> Rien ne le prouve

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L’amiante est une matière minérale à texture fibreuse. Cette roche se présente sous forme de fibres et peut donc être tissée, tout comme la laine ou le coton. Mais ce n’est pas là sa seule particularité : il s’agit aussi un excellent isolant, ignifuge, résistant à la chaleur et à la corrosion chimique. Raisons pour lesquelles les entrepreneurs et industriels du XXe siècle ont utilisé l’amiante à toutes les sauces (peintures, plaques de ciment, tuyaux...). Mais il y a un  » hic  » : les poussières d’amiante pénètrent en profondeur dans les poumons et sont très néfastes pour la santé (causant à long terme cancers, fibrose pulmonaire...).

On lit très souvent que les dangers de l’amiante étaient connus depuis deux mille ans : de nombreux documents (de la fiche Wikipedia consacrée à l’amiante... jusqu’à un rapport du Sénat français) soutiennent que Strabon et Pline l’Ancien avaient déjà remarqué que les esclaves travaillant l’amiante mourraient jeunes de maladies du poumon. En réalité, si les deux auteurs parlent bien de ce minéral (alors appelé asbeste ou  » lin fossile « ), ils n’en disent que quelques mots. Ils louent ses propriétés ignifuges et ne parlent absolument pas des dangers liés à son utilisation. Pline, dans son Histoire Naturelle, signale ainsi que l’amiante provient  » d’Inde  » et se vend au prix  » des plus belles perles « . Il ajoute qu’on en fait des nappes destinées aux nantis et qui, une fois tachées, sont jetées dans les flammes pour être nettoyées. Elles en sortent  » plus éclatantes du feu qu’elles ne seraient sorties de l’eau « .

La toxicité de l’amiante n’est vraiment suspectée qu’au début du XXe siècle et n’est dénoncée au niveau mondial qu’en 1964. Mais ce n’est que quelques dizaines d’années plus tard que son usage est totalement interdit. Avec des conséquences funestes : aujourd’hui encore, des gens meurent d’une exposition passée et prolongée à l’amiante.

Napoléon était petit -> Son entourage était très grand, nuance !

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Dans l’imaginaire populaire, Napoléon est généralement considéré comme un homme de petite taille. Un trait déjà souligné dans les caricatures anglaises d’époque : l’empereur français est le plus souvent représenté sous les traits d’un nabot court sur pattes et nerveux – un véritable Louis de Funès avant l’heure ! D’ailleurs, le Corse n’était-il pas appelé  » le petit Caporal  » par ses soldats ?

Pourtant, Napoléon n’était pas à proprement parler petit, tout du moins pour l’époque. On connaît la taille de Bonaparte grâce au journal de bord du Général Gourgaud, qui accompagne l’empereur durant son exil à Sainte-Hélène et tient rigoureusement un journal de bord. Le 8 septembre 1815, à bord du navire en route pour l’île, Gourgaud note ainsi  » Le 8. Petite brise. Route S.-E. Pendant que je suis dans la cabine de Sa Majesté, Elle me dit de mesurer sa taille. Je lui trouve exactement cinq pieds deux pouces et demi.  » Napoléon mesurait donc 1,69 mètres, une taille tout à fait honorable et même supérieur à la moyenne française au début du XIXe siècle (1,66m).

D’où vient donc cette réputation de petitesse ? De l’entourage de Napoléon, tout simplement. La plupart des maréchaux de l’Empire étaient en effet de grands échalas – le général Mortier mesurait 1,94m, Murat plus d’1m80 – et les membres de la garde rapprochée de l’Empereur devaient mesurer au minimum 1,76m. Autant dire que tout ce petit monde dépassait Napoléon d’une bonne tête ! Ajoutez à cela que Napoléon était plutôt enrobé vers la fin de sa vie, là où ses militaires étaient élancés : il n’en fallait pas plus pour donner naissance au mythe d’un empereur petit et replet !

Reste une question : si Bonaparte était de taille moyenne, d’où vient le surnom de  » Petit Caporal  » ? Il existe plusieurs théories. L’une d’elle veut que le caporal est le gradé le plus proche du troufion,  » dont l’autorité est presque fraternelle « . Il s’agirait donc d’un surnom affectueux, montrant la proximité de Napoléon avec ses troupes. Pour d’autres, il s’agirait d’une distinction honorifique (et officieuse) donnée par les soldats : ils jugeaient Napoléon dignes d’une promotion et lui auraient offert ses premiers  » galons de troupe « .

Envie de découvrir d’autres erreurs historiques apprises au cours d’Histoire ? C’est par ici.

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