22 juin: le sommet pour tous !

Nous voici donc, à vingt, prêts à nous élancer, en ce samedi matin du 22 juin, au départ de Sault. Tous hyper motivés et en grande forme, mais n’en menant pas large dans le fond. Il faut dire que, vu d’en bas, le sommet « blanc » paraît tout bonnement inaccessible. On se dit alors, incrédule, « Je vais vraiment devoir pédaler jusque là-haut ? »

Nous avons pour nous un gros avantage : le beau temps. Le soleil de Provence brille dans le ciel et le vent souffle faiblement. Même en altitude, nous n’aurons pas ces coups de mistral redoutés. Deuxième avantage très net dans les premiers kilomètres : le revêtement de la route au départ de Sault vient d’être refait et nous pédalons sur un ruban d’asphalte lisse et flambant neuf.

On entend souvent dire que l’ascension au départ de Sault est la voie la plus simple, mais dès que l’on pénètre dans le bois, cela se complique. Je décide de pédaler à mon rythme (gentillet), afin de maintenir mon pouls sous les 140 pulsations. J’y arrive, mais les autres participants me distancent assez vite. Avec Chris et Philippe, nous formons le trio de queue – ce dont nous nous fichons bien. Dans les derniers kilomètres avant le Chalet Reynard, j’ai atteint ma vitesse de croisière et je peux admirer le paysage alentour en sifflant presque...

Surtout ne pas regarder vers le sommet...

Ceux qui ont déjà fait l’ascension du Mont Ventoux savent qu’à partir du Chalet Reynard tout change. Le bois fait place au fameux paysage lunaire et les côtes assez douces accusent tout à coup des pentes de 7 à 8 %.

Il s’agit donc d’y aller mollo et de garder ses forces. Durant les deux premiers des six kilomètres restants, je passe en petite vitesse, pas la plus petite mais presque... Et ensuite, je n’y tiens plus et enclenche la plus faible vitesse. J’ai mis un point d’honneur à ne pas descndre de mon vélo, mais mon pouls s’est installé au-dessus des 160 pulsations. J’ai dû m’arrêter trois fois pour attendre que mon coeur se calme un peu.

Cela m’a aidé mais l’aspect psychologique compte aussi. L’astuce consiste à ne jamais regarder vers le sommet, car il semble éternellement hors de portée. Je me force donc à fixer la route et les marquages au sol, en faisant comme si le reste du monde n’existait plus. Je n’ai même pas dévié mon regard en passant près du monument dédié à Simpson. Par la suite, d’autres participants m’avoueront avoir, eux aussi, adopté ce truc et essayé tant bien que mal de se défaire de toute pression.

Marine Windhey a une astuce bien à elle : aux moments les plus durs, elle s’est mise à déclamer in petto, comme une incantation, Un, deux, trois... etc. jusqu’à ce qu’elle ait « avalé » 500 m de plus.

Emotions en roue libre

Lorsqu’on aborde le dernier kilomètre avant le sommet et que l’on entend au loin les encouragements des centaines de spectateurs, on sent son corps qui va chercher les trésors d’adrénaline nécessaires. Puis vient ce fameux ultime tournant de la route, puis l’arrivée et les émotions en roue libre. On a envie d’embrasser tout le monde tant on est euphorique !

Les hommes les plus endurcis laissent couler quelques larmes. Dans le dernier virage, Philippe a senti les larmes lui monter aux yeux, à l’idée de pédaler sur le même ruban d’asphalte qu’une foule de cyclistes légendaires. Guy, sans doute le plus romantique de notre groupe, s’est autorisé à pleurer franchement dès la ligne d’arrivée. Il avait fixé sur le cadre de son vélo une photo de sa femme et de l’aîné de ses petits-enfants.

Les temps

Je le sais et je le redis : les temps réalisés ont peu d’importance. Mais pour être tout à fait complet, je tiens à vous les communiquer (ce sont des chronos officieux, qui incluent les haltes en chemin).

· Le meilleur chrono a été réalisé par Luc Vandevenne : 1h50. Luc mérite une mention spéciale. Après sa descente vers Sault, il est monté sur un handbike et a refait l’ascension du Mont Ventoux. Cette deuxième montée, il l’a réalisée, avec le soutien de sponsors, au profit de la lutte contre le cancer.

Brigitte Durant : Christian Degrave : 1h55.René Arijs : 1h58.Rudi Carton : 2h15.Marina Ysewyn : 2h15.Daniel Poelman : 2h15.Alex Lauwens : 2h18Guy Grolaux : 2h24.Nele Bomon : 2h25.Marc Ronveaux : 2h30.Koen Wille : 2h35.Jean-Paul Van den Steen : 2h43.Paul Corthouts : 2h50.

Marina Windhey : 2h55.Francis Dhossche : 2h55.Chris Goidts : 2h58.Dominique Felix : 3h00.Philippe Vandenbergh : 3h25.

Je suis, pour ma part, arrivé au sommet en 3h10.

Nous avons repoussé les limites

« Quand je pense que j’ai parcouru cette année, en guise de préparation, 2930 km, je me dis que j’ai vraiment repoussé mes limites », s’enthousiasme Marina Ysewyn. Pareil pour Rudi : « En janvier, c’était la troisième fois en 39 ans que je me remettais en selle. » Marina Windhey revient, elle aussi, de loin, car jusqu’à la fin de l’année passée, elle ne roulait qu’à vélo électrique.

Grâce à ce beau défi, nous avons prouvé qu’on peut avoir franchi la barre des 50 ans et opter avec panache pour un mode de vie plus sportif et plus sain. Avec l’envie d’aller toujours plus loin. « Au moins, on ne pourra pas me retirer cela », se félicite Alex.

Et chacun de louer la gentillesse et l’organisation extrêmement professionnelle de Sporta. Respect !

Notre groupe du Ventoux restera sans doute lié par des liens d’amitié véritables. Certains d’entre nous rêvons déjà d’autres défis, d’autres aventures. Le Galibier, qui sait ? Ou le Stelvio ?

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