Mais pourquoi bâille-t-on ?

Plus ou moins discret, ce mouvement réflexe fait l’objet de bien des théories.

Le b.a.-ba du baillement :

Un mécanisme involontaire
Qand bâille-t-on ?
Bâillons en semble
Etonnant, le bâillement

Au XIXe siècle, le Dr Double, médecin parisien, écrivait que le bâillement était lié à la croissance rapide des enfants. Pour l’Islam, se couvrir la bouche en bâillant empêcherait Satan de rentrer en nous... Aujourd’hui, bien que certaines zones d’ombre demeurent, on en sait tout de même un peu plus.

Un mécanisme involontaire

Vous sentez le bâillement arriver ? Même si le moment n’est pas opportun, vous ne pourrez pas y échapper. Au mieux, arriverez-vous à garder la bouche à peu près fermée.  » De nombreux muscles sont impliqués dans le bâillement, explique le Dr Gauthier Desuter, ORL aux Cliniques universitaires Saint-Luc, à Bruxelles. Notamment des muscles buccaux, cervicaux, respiratoires et faciaux. Et une fois que le bâillement démarre, il est irrépressible « .

Le bâillement se décompose toujours en trois étapes : une inspiration profonde, la bouche grande ouverte, suivie d’un blocage de la respiration, puis d’une expiration lente... Le tout se déroule en 3 à 5 secondes. On se détend, et on se sent bien : en effet, l’acte de bâiller permet la libération d’endorphines, l’hormone du bien-être. Certains bâillements, le matin surtout, seront accompagnés d’étirements. Ceux-ci provoquent parfois une légère hypotension et peuvent donner l’impression d’avoir la tête qui tourne quelques instants. On peut également sentir ses yeux qui picotent, les glandes lacrymales ayant été stimulées par le bâillement.

Bâiller n’est pas le propre de l’homme : c’est un réflexe archaïque que nous avons en commun avec la plupart des vertébrés (chats, chiens, serpents, oiseaux...).

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Quand bâille-t-on ?

Beaucoup de théories ont vu le jour quant à l’utilité du bâillement. Parmi les plus répandues, on a longtemps cru que ce mécanisme permettait d’apporter une dose d’oxygène supplémentaire au cerveau. La science a aujourd’hui permis de montrer qu’il n’en était rien. Le bâillement serait en fait une sorte de signal  » anti-sommeil « .  » Bâiller est un mécanisme de renforcement du tonus musculaire, explique le Dr Desuter. Il contrecarre la baisse de tension (hypotonie) musculaire qui survient dans différentes circonstances. La somnolence est, par exemple, le moment privilégié du bâillement. Imaginez-vous après un bon repas, en train d’assister à une conférence, dans une salle un peu sombre et surchauffée, avec des diapositives projetées à un rythme régulier... C’est le scénario-type ! Vous ne tarderez pas à ressentir une relaxation musculaire, laquelle provoquera les bâillements. Même chose en voiture : la monotonie des bandes blanches qui défilent sur la route, le manque de stimulation, une température un peu élevée, un manque de lumière éventuel, et vous voilà en train de bâiller. Bâiller est alors un signal d’alerte : votre vigilance baisse, il est temps de vous ressaisir pour ne pas sombrer dans le sommeil. « 

Bâille-t-on vraiment par ennui ? Oui, et là aussi, il s’agit toujours du même signal de baisse de vigilance.

On peut également avoir l’impression que la faim fait bâiller, mais ce serait en fait l’hypoglycémie qui, sans que l’on puisse expliquer exactement pourquoi, déclencherait le mécanisme : les diabétiques le savent bien, une salve de bâillements est un des  » symptômes  » d’une hypoglycémie naissante.

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Bâillons ensemble

Ce n’est pas un virus, et pourtant nous en avons tous fait l’expérience, bâiller peut s’avérer terriblement contagieux... Pourquoi ? Par imitation comportementale : les spécialistes parlent de  » réplication « . Celle-ci est tout aussi involontaire que le bâillement lui-même. La vue, bien sûr, peut déclencher cette imitation, mais aussi l’ouie : entendre quelqu’un bâiller, même sans le voir, risque de vous donner une furieuse envie de bâiller. Mais, encore plus subtil, l’évocation même du bâillement peut avoir cet effet : lisez un texte sur le sujet, et vous allez sans doute vous mettre à bâiller.  » Encore faut-il, précise le Dr Desuter, que vous soyez vous-même dans un état de vigilance favorable au bâillement. Si vous êtes en train de réaliser une tâche intellectuelle qui vous maintient tout à fait éveillé, vous serez probablement insensible à ce phénomène « .

Si on peut donc bâiller par  » contagion « , on ne peut pourtant pas  » faire semblant  » de bâiller.
 » En effet, le bâillement met en mouvement des muscles contradictoires : les uns ouvrent la bouche, les autres la ferment. Seul un véritable bâillement nous permet de contracter ces muscles contrariants. Nous ne sommes pas capables de reproduire volontairement les séquences du bâillement. »

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Etonnant, le bâillement !

  • Un foetus commence à bailler vers 12 semaines de vie intra-utérine.
  • Les girafes font partie des rares vertébrés qui ne bâillent pas.
  • Les patients Parkinsoniens, s’ils ne sont pas soignés, ne bâillent plus.
  • Seuls les chimpanzés et les singes bonobos sont capables, comme nous, de bâiller par réplication.
  • Le mal des transports commence parfois par une série de bâillements.
  • Les bâillements peuvent annoncer l’approche d’une migraine ou la fin de celle-ci.
  • Le bâillement est la première cause de luxation de la mâchoire.

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