Annick Colman, médiatrice bénévole © WIM KEMPENAERS

Que faire en cas de conflit de voisinage?

De la musique à fond jusqu’à 2 heures du matin, un chien qui aboie, une haie pas coupée... L’enfer, c’est les autres ! Des conflits entre voisins peuvent engendrer des situations explosives. Comment agir ? Idéalement à l’amiable.

 » Choisir ses voisins est plus important que choisir sa maison « , dit un proverbe chinois.  » L’essentiel des conflits de voisinage concerne des questions de mitoyenneté, les branches d’un arbre qui débordent, des crottes de chien, l’entretien de communs, du tapage..., explique Franco Gizzi, chef de projet en cohésion sociale pour la ville de Charleroi (cinq médiateurs pour 200.000 habitants). Il faut accepter qu’on puisse être une nuisance pour les autres. Je prends l’exemple de cette personne ne supportant plus sa petite voisine qui joue du piano. C’est pourtant mignon un enfant qui joue d’un instrument ! Sauf que le demandeur était préposé aux plaintes des voyageurs dans un aéroport. Il avait besoin de calme en rentrant chez lui après une longue journée stressante... « 

Pour éviter qu’un conflit ne s’envenime, l’intervention d’une personne neutre peut faire des merveilles.

Alors, comment agir en cas de problème avec un voisin à l’heure de l’effritement des liens sociaux ?  » Il vaut mieux prévenir que guérir. Beaucoup de gens ne se disent plus bonjour au quotidien. Quand un problème survient, comme on ne se connaît plus, le ton peut vite monter. Certains portent plainte directement à la police. Ce qui est parfois vécu comme une agression. La meilleure méthode est donc d’entretenir en permanence des relations cordiales avec son voisinage. Les éventuels problèmes seront plus faciles à résoudre. Ce n’est hélas pas toujours possible. J’ai connu deux familles qui se disputaient depuis trente ans. Les enfants avaient repris le conflit en  » héritage « . Ils ne savaient même plus pourquoi ils se disputaient. « 

La médiation de quartier

Quand la communication semble impossible, le citoyen peut faire appel à une médiation de quartier. Ce service public gratuit existe dans de nombreuses communes et villes de Belgique.  » Elle se réalise sur une base volontaire. Elle vise à la restauration du dialogue et du mode relationnel, ajoute Franco Gizzi. Un pacte est signé afin de rechercher des solutions concrètes et mutuellement acceptables. Il est nécessaire de revaloriser l’image de l’autre, de ne plus le voir comme un agresseur.  » Mais attention, si l’une des parties a déjà porté l’affaire devant la justice, l’intervention du médiateur de quartier n’est plus possible.

Des médiateurs agréés

Dans les communes où il n’y a pas de médiation de quartier, ou tout simplement si le demandeur ne veut pas suivre ce chemin, il est toujours possible de faire appel aux services payants d’un médiateur agréé, d’un avocat ou encore d’un notaire spécialisés dans la médiation. Il est ici question de médiation volontaire. Un facilitateur va tenter d’aboutir à un accord. Il pourra être approuvé par un juge ou par un notaire dans un acte authentique.

La justice de paix

Une autre technique consiste à entamer une procédure en conciliation auprès de la justice de paix. Elle est gratuite et relativement rapide pour trouver une solution à l’amiable. Le juge essaiera de réconcilier les deux parties. Un procès-verbal aura valeur de jugement si un accord intervient. Et si la conciliation échoue ? La citation en justice de paix sera alors le mode d’introduction le plus fréquent d’un... procès. Il existe aussi l’introduction d’une requête. Un huissier de justice va citer la partie adverse à comparaître. L’aide d’un avocat est alors (très) vivement conseillée !

Des médiateurs bénévoles ?

Il existe en Flandre des formations pour devenir médiateur bénévole entre voisins. L’objectif ? Atténuer les conflits de voisinage. Des telles formations intensives pour devenir  » burenbemiddelaar  » sont notamment organisées par la province du Brabant flamand. Les candidats ne doivent pas avoir fait des études dans le domaine social, leur niveau d’éducation n’est pas important. Les bénévoles doivent  » simplement  » savoir écouter, être communicatifs, discrets, diplomates et posséder une bonne dose d’empathie.  » J’ai suivi une formation au printemps 2016, raconte Annick Colman, aujourd’hui médiatrice bénévole à Zemst. C’est mon vécu qui m’a poussé à le faire. Je suis assez sensible au bruit et mon voisin aimait écouter de la musique dans son jardin. Je pouvais soit me fâcher pour me débarasser de ma frustation, soit agir de manière plus posée. J’ai choisi de dialoguer intuitivement et cela a fonctionné. « 

Quand la communication est impossible, on peut faire appel à une médiation de quartier, un service gratuit dans de nombreuses communes et villes de Belgique.

Il n’y a pas de tels médiateurs bénévoles en Wallonie et à Bruxelles.  » Ce sont des professionnels. Chez nous, un médiateur peut recevoir près de 1.200 heures de formation, précise Franco Gizzi. Nous ne sommes pas spécialement favorables au bénévolat, car nous estimons qu’être médiateur, c’est un métier spécifique. Il faut des compétences en écoute, en thérapie brève, de l’empathie, etc. Le risque pour un bénévole, même s’il a reçu une formation, c’est de se nourrir des conflits de ses voisins, de tomber dans une forme de voyeurisme. L’autre piège est de se laisser déborder par les émotions. Des conflits entre voisins peuvent vite déraper. « 

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