© Getty Images/iStockphoto

Démocratie, niveau de vie, vie privée... Comment vous sentez-vous dans notre société ?

Démocratie, vie privée, terrorisme, niveau de vie : la confiance n’y est pas. Mais même ébranlés dans leur confiance, les 50+ restent ouverts à l’autre.

Démocratie, la confiance s’érode

C’est dans l’évolution des nouvelles technologies et dans l’avenir que vous avez le plus confiance. La démocratie ne vient qu’en troisième position, avec un score médiocre de 5,6 sur 10.

 » Notre démocration ne va pas bien « , confirme le Pr Marc Swyngedouw, directeur de l’Institute of social and political opinion research (Ipso) de la KULeuven.  » En Belgique, la confiance dans tout ce qui touche le politique est extrêmement faible par rapport aux pays voisins. Nous observons cette érosion depuis 1986. Je pense qu’on peut l’imputer au fait qu’un grand nombre de problèmes n’ont jamais été résolus. Songez aux Tueurs du Brabant. Et il n’y a pas un parti qui n’ait connu son scandale. Bref, il y a toujours une affaire pour venir ébranler la confiance. Une autre explication serait que les Belges ne nourrissent pas un sentiment national très fort. Le Belge se sent souvent plus belge lorsqu’il se trouve à l’étranger que dans son pays. « 

93 %, soit la toute grande majorité des sondés estiment que si notre démocratie a des défauts, cela n’en reste pas moins le meilleur des régimes.  » De plus en plus de gens, et cela concerne aussi les 50 et 60+, ont fait des études supérieures. Nous sommes mieux informés qu’avant sur la manière dont fonctionnent les démocraties et la façon dont on voudrait les améliorer. Ce qui explique un regard plus critique. Mais cela ne veut pas dire que nous sommes contre la démocratie. Les générations précédentes – les gens qui ont aujourd’hui 80 ans et plus – étaient globalement moins instruits et avaient moins accès aux arcanes des institutions politiques. « 

Concrètement, cette nouvelle vision de la démocratie se traduit par des prises de position parfois contrastées : près d’1/3 des sondés estiment normale une certaine restriction de la libre parole. Quant à savoir si on peut dire tout ce qu’on pense, 43 % estiment que non, même si la personne a été insultée.

Le top 3 de la confiance

L’évolution dans les nouvelles technologies (6,7/10)

L’avenir en général (6,1)

La démocratie (5,6)

Le top 3 de la méfiance

Les réseaux sociaux (3,9/10)

La justice belge (4,8)

L’Europe (5,2)

Quid de l’ouverture aux autres cultures ?

Vous êtes indéniablement ouverts aux autres cultures. 69 % des sondés sont entièrement d’accord ou plutôt d’accord pour dire que la diversité culturelle est un enrichissement pour notre société.  » C’est un chiffre important. Sans doute parce que le concept d’enrichissement reste assez abstrait, analyse le sociologue Marc Swyn-gedouw. « Mais nos sondages réalisés en 2014 et 2016 reflétaient une attitude nettement moins positive à l’égard des étrangers et des migrants que dans les années 1990. On aurait pu s’attendre à une augmentation de la méfiance après l’attentat du 22 mars 2016, cependant, on a plutôt observé le contraire. Cela s’explique sans doute par le fait que les gens sont davantage en contact avec des allochtones et qu’on commence à s’y habituer. Les images de la crise des réfugiés diffusées dans les médias et toute la problématique du Bassin méditerranéen ont sans doute amené la population belge à se montrer plus accueillante à l’égard des migrants. « 

L’angoisse face à la criminalité et au terrorisme

La criminalité et le terrorisme vous inquiètent beaucoup.  » Cet état d’esprit peut être la conséquence des événements récents auxquels les médias accordent énormément de place, relativise Marc Swyngedouw. Il ressort de nos enquêtes que l’âge a peu d’influence. Le degré d’instruction, en revanche, joue davantage. Moins on a fait d’études, plus on se montre inquiet ou angoissé. Parmi les 50+, on remarque une nette différence entre les quinquagénaires et les sexagénaires, relativement instruits, et les 80 ans et plus qui ont, en moyenne, fait moins d’études. Ces derniers ont aussi connu la Seconde Guerre mondiale, ce qui renforce encore leur angoisse. La génération plus scolarisée des 50+ réagit de manière très semblable aux trentenaires et quadragénaires. » « 

 » L’anxiété vis-à-vis de la criminalité est également en lien avec la phase de vie, complète son collègue, Koen Abts. Lorsqu’on les interroge, les 75+ expriment davantage d’inquiétudes. Ils ont un sentiment d’impuissance face à certaines situations. Lorsqu’ils sont moins mobiles, ils se sentent moins bien armés pour se défendre contre les diverses formes de criminalité. « 

Koen Abts ne trouve pas anormal que les 50+ craignent de voir leur niveau de vie diminuer et s’inquiètent de l’avenir des pensions.  » Les 65+, qui doivent vivre avec une pension qui n’atteint pas le niveau de leur salaire précédent, ont effectivement le sentiment d’avoir perdu une partie de leur pouvoir d’achat. Pour les plus jeunes générations, cela reste une perspective assez lointaine.  » Ce sont les 55 à 64 ans qui s’inquiètent le plus de savoir de l’avenir des pensions, parce qu’ils approchent de cette échéance mais ignorent encore concrètement le montant réel de leur pension.

Le top 5 des angoisses

Le terrorisme

La perte du niveau de vie

La criminalité

Les problèmes environnementaux

La question des migrants

Vie privée : avis divergents

Vous êtes partagés sur la question du respect de la vie privée. Devant l’affirmation : nous devrons céder un petit peu de notre vie privée pour bénéficier d’une plus grande sécurité, la moitié des sondés se disent d’accord. Une autre moitié n’est pas du tout de cet avis. A noter que francophones et néerlandophones ne sont pas forcément sur la même longueur d’onde : les francophones accordent plus d’importance à leur vie privée.  » Franchement, je ne sais pas pourquoi, reconnaît le sociologue Marc Swyngedouw. Cela dit, on remarque aussi que sur le débat concernant les visites domiciliaires qui a pour but de faciliter les perquisitions dans certains cas bien définis, les partis francophones ont voté contre sous la pression de l’opinion publique. Alors qu’en Flandre, les habitants ne voient aucun problème à ce que la police puisse procéder plus facilement à des perquisitions. « 

Paul De Hert, professeur de droit à la VUB et spécialiste de la vie privée, ne croit pas que les 50+ soient prêts à troquer leur vie privée contre plus de sécurité.  » C’est évidemment un sujet clivant. Vie privée et sécurité sont des sujets sensibles. Forcément, cela devient très embrouillé quand on vous demande de choisir. Personne n’a envie de se retrouver dans un avion avec un terroriste mais on n’a pas envie non plus de se faire contrôler sans raison. Le respect de la vie privée fait partie intégrante du sentiment de sécurité. Songez à la banque en ligne : chacun veut être sûr que ses données seront parfaitement protégées. Je pense qu’on ne réfléchit jamais trop à la question du droit à la vie privée. Les nouvelles technologies ont le don de nous embobiner, au point qu’on se montre imprudent, mais on apprend précisément de ses erreurs. On a aujourd’hui le droit de se  » faire oublier  » par google – nombre d’internautes ne s’en privent pas. Certaines entreprises sont difficilement contrôlables mais notre société n’est absolument pas en train d’enterrer la notion de vie privée. « 

Nous devrons céder un petit peu de notre vie privée pour bénéficier d’une plus grande sécurité

Sont d’accord 50 %

Ne sont pas d’accord 50 %

La peur de voir bafouer le respect de la vie privée

FR: 44,6 % disent le craindre fortement

NL: 19,9 % disent le craindre fortement

Contenu partenaire