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Fonds de placement : la chasse aux frais est ouverte !

En ces temps de faiblesse des taux d’intérêt, bien des épargnants se tournent vers les fonds de placement aux rendements plus rémunérateurs. Mais gare aux frais qui les grignotent !

Accepteriez-vous de payer pour entrer et sortir d’un supermarché ? Bien sûr que non. Si la comparaison est osée, il existe pourtant des frais d’entrée et de sortie en matière fonds. Rien que les frais d’entrée varient entre 1% et 3% dans la plupart des banques traditionnelles. Et en ces temps où les taux sont tristes comme un ours polaire au Sahara, il va sans dire que les frais appliqués sur les placements pèsent sur les rendements.

 » Disons qu’il existe deux grands types de banque, avance Nicolas Claeys. Coordinateur Test-Achats Invest. Les premières ne vendent que leurs fonds et pas ceux de tiers. Elles privent de la sorte leurs clients d’un panel plus large. Elles demandent aussi des frais pour leurs fonds. Les secondes banques, souvent des banques en ligne, proposent à contrario des fonds de tous les horizons. Et elles ne facturent pas de frais. « 

La formule semble simplissime : moins de frais = plus de rendement. Le choix serait vite fait, alors. Celui de se ruer vers les banques qui pratiquent les meilleurs tarifs. N’allons pas aussi vite en besogne. Car si les banques en ligne ne facturent pas de frais, elles sont également nettement plus avares en conseil.

C’est quoi, un fonds de placement ?

Ce sont des paniers de valeurs mobilières (panier d’actions, d’obligations...) en copropriété. Ils sont administrés par une société de gestion financière. Pour faire simple, l’épargnant s’adresse à un gestionnaire spécialisé en fonds. Ce dernier va constituer un portefeuille collectif en investissant par exemple en bourse. Les investisseurs vont en acheter des parts. Il existe une multitude de fonds... Certains se concentrent sur des secteurs précis comme les biotechnologies, la pharmacie, l’agro-alimentaire.

Les fonds garantissent partiellement ou totalement le capital à l’échéance (moins les frais). D’autres proposent même un rendement minimum en plus des perspectives liées à l’évolution boursière. Ces produits peuvent être la solution pour ceux qui espèrent donner à leur argent plus de croissance, tout en conservant un minimum de sécurité. L’avantage est triple, car le capital est protégé totalement ou en partie selon le contrat ; le client profite des hausses boursières ; le banquier contacte son client quand il est nécessaire d’agir.

Les gestionnaires de fonds travaillent en outre selon des échéances, des paliers pour réduire les risques. Les avoirs diversifiés sont progressivement placés dans des actifs moins risqués. Il est par exemple conseillé d’investir dans des fonds dynamiques (60/70% d’actions) jusqu’à 55 ans et puis de se rabattre sur des produits plus sûrs pour assurer ses arrières et préparer sa pension.

 » Et on sait que de nombreux clients désirent encore du conseil poursuit Nicolas Claeys. Ce qui ne nous empêche pas de mettre la pression sur certains frais excessifs. Prenons l’exemple des frais de gestion. Imaginez que vous avez investi 10.000€ dans un de ces fonds. La seule gestion va vous coûter 150€ par an.

Le souci c’est que généralement, durant dix ans, votre banquier ne va plus rien faire. Faites le compte de ce que cela va vous coûter. Bon, ce n’est pas un souci si le fonds performe, mais si ce n’est pas le cas, les frais vont drôlement peser sur votre rendement.  » Alors, que faire ? Comment malgré tout recevoir des conseils tout en réduisant les frais ?  » Les banques mettent en avant des fonds indiciels classiques qui leur rapportent le plus, répond Nicolas Claeys. Mais nous remarquons qu’elles ne font pas beaucoup de publicités pour les index trackers intéressants. C’estquoi un tracker ? C’est un fonds qui reproduit un indice général de la Bourse comme le Bel20 chez nous. Les trackers américains proposent de bons rendements. Leurs frais ne sont que de 0,07% contre 1,5% pour les fonds bancaires classiques. Il n’y a pas photo ! « 

La lettre de conseils  » Business Database  » a ainsi calculé qu’une  » petite  » différence de frais peut entraîner une grande différence de rendement. Ainsi,  » sur 10.000€, des frais de gestion moyen de 1,29% par an vous coûteront 1.833€ sur 10 ans. Avec un pourcentage de 0,12%, vous ne payerez que... 154€ de frais sur la même période ! « 

Notre conseil : Lors d’un investissement, il faut toujours tenir compte de la différence entre le rendement brut et le rendement net. Le rendement brut est le rendement sans déduction des frais. Par exemple, on vous propose du 2%. Pour le rendement net, les frais sont déduits du produit. Le rendement net détermine donc le montant final que vous recevez. Prenons le plan d’investissement d’une grande banque sur 8 années. Il offre du 2% en rendement brut global. Mais le rendement ne sera en réalité que de l’ordre de 1,30% en annuel net lorsque les frais et les taxes sont déduits. Bref, demandez toujours à votre banquier ou courtier le rendement avec les frais déduits. Le banquier a même l’obligation de donner ces indications avant la vente depuis les directives MiFID axées sur les investisseurs.

Trois pistes pour réduire les coûts

Les frais associés à l’achat, à la détention et à la vente un produit de placement ne doivent cependant pas constituer le seul paramètre de choix dans la gestion d’un portefeuille. Jean-Michel Segers est responsable marketing à la Deutsche Bank. Son institution bancaire a lancé, ces dernier mois, une campagne incitant les épargnants à réfléchir sur le montant  » exorbitant  » payé en frais d’entrée lors de l’achat de fonds. Sa banque met l’accent sur le fait que les clients ne payent pas de frais d’entrée sur près de 1.600 fonds. Il donne trois pistes de réflexions.

  • Conseils ou pas ? Selon Jean-Michel Segers, la première piste à prendre en compte, c’est la question du conseil. L’investisseur a-t-il besoin de conseils pour gérer au mieux son portefeuille ? Plusieurs banques purement online proposent des tarifs en général plus attractifs que les banques traditionnelles mais, par contre, elles n’offrent pas de conseil. Le client est donc totalement livré à lui-même. Or, en Belgique, les différentes études montrent que la grande majorité des investisseurs préfèrent pouvoir compter sur les conseils de leur banque lorsqu’il s’agit de gérer leur portefeuille.
  • Changer de banque ? Pour réduire les frais, l’attention des investisseurs doit ensuite se porter sur le choix de l’institution financière à laquelle ils vont faire appel pour la gestion de leur portefeuille. Il existe de grosses différences en termes de tarifs pratiqués par les différentes banques. Payer le juste prix pour ses placements doit constituer le premier réflexe de tout investisseur pour maximiser son rendement.
  • Privilégier une architecture ouverte : Enfin, la troisième piste à prendre en compte par l’investisseur est la qualité et le choix des solutions de placement qui lui sont proposées. Dans la plupart des grandes banques traditionnelles, l’investisseur ne se voit proposer que des produits-maison (architecture fermée). Or, une seule institution financière ne peut pas proposer les meilleurs produits du marché dans toutes les catégories de produits. L’investisseur à la recherche des meilleures solutions aura intérêt à se tourner vers une banque qui propose l’architecture ouverte, c’est-à-dire l’accès aux solutions de différents gestionnaires. Grâce à cette collaboration avec de multiples gestionnaires, la banque peut dès lors intégrer les meilleures solutions des différents gestionnaires dans son offre.

En quelques mots

Les investisseurs doivent d’abord prendre en compte des paramètres comme leurs objectifs financiers, le niveau de risque qu’ils sont prêts à prendre et leur horizon de placement. C’est cette combinaison de paramètres qui va permettre à l’investisseur de définir les solutions de placement les plus appropriées. Investir dans un produit qui ne convient pas peut, in fine, coûter plus cher que les frais associés au produit lui-même.

Des frais de transferts indécents

Et pourquoi ne pas changer de crémerie quand les frais sont trop importants ? Certaines banques mettent cependant des bâtons dans les roues. Ainsi, comme le souligne Test Achats,  » si vous envisagez de transférer vos placements de la banque en ligne MeDirect vers une autre banque, vous devrez payer 150€ par investissement.  » Ce sera 75€ chez Belfius et une soixantaine d’euros chez KBC et ING.  » Cette tendance impacte directement la liberté de mouvement du client. Parce qu’un investisseur qui désire un portefeuille de placement diversifié peut facilement détenir cinq lignes de titres ou plus. S’il souhaite transférer ses titres dans une autre banque, il devra cracher 750€ ! Autant dire qu’il y réfléchira à deux fois avant de prendre cette décision. La concurrence entre les banques en devient lettre morte. Par ailleurs, ces coûts sont disproportionnés et n’ont que peu de rapport avec le coût réel supporté par les banques. Celui-ci se situe en moyenne entre 25 et 50€. « 

L’alternative ? Ce serait de vendre ses placements dans une banque et de réinvestir le capital libéré dans son autre banque.

 » Ce n’est cependant pas une solution idéale, estime-t-on chez Test-Achats qui demande au législateur un plafond pour ces frais. De cette façon, l’investisseur devra payer toutes sortes de frais et d’impôts lors de l’achat et de la vente de ses placements. De plus, la gamme de produits d’une banque n’est pas exactement la même que celle d’une autre. « 

Les frais pour les  » nuls « 

  • LES FRAIS D’ENTRÉE : Souvent entre 1 et 3% du capital investi, les frais dépendent bien souvent du type de placement. Les frais sont uniques et retenus sur le capital. Simple à comprendre : si vous investissez 1.000€ dans un fonds soumis à des frais d’entrée de 3%, votre apport sera réduit à 970 €. Dans certaines banques ou chez certains courtiers en ligne, il n’y a pas de frais d’entrée ou alors il s’agit d’un montant fixe compris entre 10 et 25€ selon l’ordre.
  • LES FRAIS DE GESTION : Ils sont annuels. Disons de l’ordre de 1,5%. En fait, ils varient d’année en année et le tarif communiqué est toujours celui de l’année précédente. Ils sont intégrés dans le cours du fonds et donc déduits du rendement. Ils couvrent, en quelque sorte, le salaire des gestionnaires de fonds qui doivent connaître les marchés financiers sur le bout des doigts.
  • LES FRAIS DE SORTIE : Ils sont plus rares. Ils concernent les fonds de placement assortis d’une échéance. Si l’investisseur vend ses parts avant l’échéance, il devra payer une indemnité d’avant terme, soit un pourcentage du montant des parts vendues, par exemple 4%.
  • FISCALITÉ : Il y a les frais que le client peut éviter ou éventuellement négocier. Et puis, il y a ceux qui sont non-négociables, ceux que l’Etat impose. Les fonds sont soumis à la taxe boursière et au précompte mobilier (30% actuellement). La taxe sur les opérations de bourse (TOB) est applicable tant lors de la vente que lors de la conversion d’une classe d’action de capitalisation d’un compartiment. La TOB est de 1,32% avec un maximum de 4.000 ? par transaction. Il faut aussi ajouter le précompte mobilier de 30% sur les plus-values (ou sur les intérêts annuels perçus) lors de la vente.

Quelle est la banque la moins chère ?

Les frais de gestion de compte à vue varient selon les banques. C’est pourquoi la FSMA (l’Autorité des services et marchés financiers) a élaboré un comparateur de frais associés aux comptes à vue. Rendez-vous sur wikifin.be, choisir l’onglet  » outils pratiques  » et ensuite  » comparateur de compte à vue « .

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