La cathédrale de la Dormition. © PHOTOS : ERIC VALENNE

Moscou, si belle en hiver

Eric Valenne Journaliste

Habillée de neige sous son ciel glacial, Moscou offre ses ambiances chaleureuses en hiver. Entre ses tours staliniennes, ses églises et ses palais séculaires, au coeur de ses parcs ou le long de la Moskova, la capitale russe nous livre sa culture et son histoire fascinante.

Il a neigé abondamment et la place Rouge a été déblayée en deux temps trois mouvements. Question de montrer que si l’hiver va bien à la belle, les Moscovites veulent garder la main sur la situation. Comme un défi aux frimas qui doivent être domptés. Les chasseneige sont alignés la nuit comme des moissonneuses pour dégager les grands boulevards, la capitale ne garde son manteau poétique que dans ses ruelles perdues, ses parcs et ses jardins...  » Où donc estu, Belle Moscou, aux cent coupoles, merveille de notre pays !  » écrivait le vénéré poète Pouchkine pour évoquer avec nostalgie sa ville natale. Une capitale qui brille aujourd’hui plus que jamais des ors de ses édifices historiques ou contemporains.

La cathédrale Saint-Basile-le-Bienheureux.
La cathédrale Saint-Basile-le-Bienheureux.© PHOTOS : ERIC VALENNE

Une ville qui brille parfois également avec le bling-bling outrancier et nouveau riche de ses voitures rutilantes, boutiques de luxe et buildings de sa cité d’affaires.

Bien plus qu’une forteresse

Toute visite à Moscou passe par la place Rouge puis par le Kremlin qui la longe en partie. Kremlin avec une majuscule car c’est là que bat le coeur de la Fédération de Russie. Nimbé d’intrigues et de complots, le Kremlin a dirigé le pays avec une interruption de deux siècles quand la nouvelle capitale du pays s’est déplacée en 1703 à Saint-Pétersbourg, ville que les Soviétiques baptiseront Leningrad. Au fil du temps, le Kremlin de Moscou a gagné en beauté et en fierté, avec ses hauts murs de brique rouge, ses cinq portes, ses dix-neuf tours et son enceinte crénelée de plus de deux kilomètres.

Des centaines de salles et de nombreuses pièces d’apparat occupent les quelques bâtiments qui se visitent comme l’extraordinaire palais des Armures. Vêtements impériaux, orfèvrerie religieuse et couronnes s’y dévoilent. Ajoutons des armes, des armures, des carrosses et encore des armes, présentées comme des bijoux. Juste à côté et d’une beauté intemporelle, la place des cathédrales est dominée par les dômes de l’Archange-Saint-Michel, de l’Annonciation et de la Dormition avec un peu plus loin, le palais à Facettes et l’église de la Déposition, le palais du Patriarche et l’église des Douze Apôtres. Le tout surmonté par les ors du clocher d’Ivan le Grand. Sans oublier, au sol, la plus grande cloche au monde. Qui n’a jamais sonné. Ni le plus gros canon du monde. Qui n’a jamais tonné.

Quatre symboles pour une place

Entre pouvoir, église, argent et histoire du peuple, chaque face de la Place Rouge arbore ses symboles et ses contrastes. Toute résonnante des fantômes de l’histoire avec la révolution, les victoires et les parades guerrières, cette place est l’un des symboles du pays. Alors que les smartphones mitraillent pour les selfies, ici et là, quelques Russes à la découverte de leur fière capitale croisent les touristes en visite guidée. Plus loin, des jeunes mariés posent pour l’éternité. Là-bas, quelques babouchkas vendent des souvenirs dérisoires. D’un côté, l’épaisse muraille du Kremlin, est encore aujourd’hui le siège impénétrable du pouvoir. Le mausolée de Lénine y est adossé, gardé par d’ombrageux soldats aux lourdes vareuses.

Le métro moscovite est un vraie musée.
Le métro moscovite est un vraie musée.© PHOTOS : ERIC VALENNE

A l’opposé, se trouvent les plus grands magasins du pays : les galeries Goum. Bijouteries et boutiques de luxe y rivalisent en attendant l’argent des nantis et d’une florissante classe moyenne avide de richesses. Certains Moscovites ironisent cependant en comparant les galeries du Goum à un musée où ils ne peuvent rien se payer.

Côté nord-ouest de cette place extraordinaire, la superbe façade rouge du Musée d’Histoire dresse ses deux flèches. Et à nouveau, non sans réticences, l’aigle bicéphale de la Russie tsariste qui cohabite avec l’étoile rouge... En face et à l’entrée principale de la place : la merveilleuse et emblématique cathédrale Basile-le-Bienheureux avec ses bulbes aux formes de pâtisseries orientales, d’oeufs de Fabergé ou de crèmes saupoudrées de sucre glacé. Elle est le symbole des relations houleuses entre le pouvoir et l’église. Edifiée en 1554 pour commémorer la prise de Kazan par le tsar Ivan le Terrible et sa victoire sur les Tatars, elle fut menacée de destruction par les Bolcheviques puis Staline.

Le couvent Novodievitchi.
Le couvent Novodievitchi.© PHOTOS : ERIC VALENNE

Vite, le métro...

Echappant aux embouteillages permanents, le visiteur comprendra vite que le métro lui sera salutaire. De plus, il cache de véritables oeuvres d’art qui racontent les victoires du Socialisme soviétique et ses valeurs, les grandes images de la propagande avec la Seconde Guerre mondiale, ses héros... Bon nombre de stations sont devenues d’incroyables galeries d’art traversées par les foules pressées qui ne regardent plus les grands mythes incarnés en fresques, mosaïques, lustres, marbres, vitraux, stucs, bronzes, statues... Bref, la ville doit se visiter en faisant des incursions parmi les plus belles de ses 214 stations comme Maïakovskaïa, Belorousskaïa, Komsomolskaïa, Taganskaïa, Belorousskaïa, Kievskaïa...

Chocolat chaud, flocons et âme russe

En plus de sites magnifiques comme le couvent Novodievitchi, le Kremlin et le marché d’Ismaïlovo, l’un ou l’autre des gratte-ciel staliniens surnommés les  » sept soeurs « , la ville abrite plus d’une centaine de musées. Les incontournables sont la fabuleuse galerie Tretiakov, les musées des Arts Plastiques, Gorki et Pouchkine...

Le soir, un peu partout, de nombreux restaurants font la fête tandis que le Bolchoï a rouvert ses portes en 2011 pour y montrer les plus beaux ballets au monde comme Casse-noisette et le Lac du Cygne ainsi que quelques opéras d’ici ou d’ailleurs comme Boris Godounov, le Prince Igor, Eugène Onéguine, la Dame de Pique mais également Roméo et Juliette, la Tosca, la Bohême... Autant d’échos qui font penser aux romans de Dostoïevski, Tolstoï, Tchekhov, Gogol et bien entendu Pouchkine...

Et partout, ces inscriptions en lettres cyrilliques qui s’affichent et ajoutent à cette ville et son pays dont l’alphabet énigmatique se refuse à toute lecture. Et fait penser à cette maxime russe :  » Si tu ne comprends pas l’âme russe, aime-là tout simplement ! ».

Pratique

Se loger : les hôtels sont chers à Moscou. Il est plus avantageux de passer par un tour opérateur comme www.pouchkine-tours.com, www.expairtours.be, www.imaginetravel.be ou www.thomascook.be qui organisent des voyages depuis Bruxelles.

Y aller : Brussels Airlines assure un vol quotidien direct Bruxelles-Moscou (3h30) www.brusselsairlines.com

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